1968-2011 : "Sous les pavés, la plage !"
Il y a un parfum de mai 1968 dans les rues des principales capitales occidentales : "les Indignés" ont débarqué... La seule différence entre 1968 et 2011, c'est la période de prospérité sans précédent de la fin des années 1960 et la crise de déliquescence à cause de l'endettement des Etats aujourd'hui. Mais dans les deux situations, on peut observer une même naïveté anarchisante, des illusions semblables, une soif d'échapper à la réalité, un désir de liberté et de fraicheur...
1968 ou 2011 : dans les deux cas, on a vu passer une opposition de Saturne à Uranus !
Ce grand conflit planétaire qui se produit tous les 45 ans environ, au plan politique et social, c'est toujours un mouvement historique de révolte mené par la jeunesse. Comme à son 3ème passage précédent au début des années 1920, qualifiées d' "années folles" en raison d'une jeunesse soudainement exubérante qui rejetait les privations et la crise économique issue de la grande guerre. Et avant encore, au milieu des années 1870, ce fut la naissance du syndicalisme ouvrier et l'écriture révolutionnaire du fameux "Le Capital" de Karl Marx, la grande révolte des nations indiennes aux Etats-Unis menée là aussi par une jeunesse survoltée par l'esprit de conquête des Blancs, etc.
Mais revenons à 1968, qui n'a pas été seulement une joyeuse kermesse de la jeunesse dorée de Paris, Berlin, Londres, Rome ou Berkeley en Californie... L'année a commencé en janvier par l'offensive militaire gauchiste du Têt des forces communistes au Vietnam : des dizaines de milliers de morts pour rien, dans les deux camps... S'en est suivi toutes les contestations estudiantines, juste quelques coups de matraques et seulement 5 morts en France : un miracle... Mais des dizaines de morts parmi la jeunesse mexicaine quand même !
Et puis, clou de ce spectacle, si l'on peut dire, l'insurrection anti-communiste dans la Tchécoslovaquie soviétique de l'époque. Un immense espoir pour les libertés, porté là aussi par la jeunesse. Mais les chars soviétiques à Prague en août, et que peuvent des poings dressés et quelques pierres contre des blindés ?
L'année 1968 s'est terminée dans l'amertume et le dégoût. Il en est resté un souffle de liberté, un vent de révolution libertaire dans des sociétés trop rigides à l'époque, mais à digérer très, très lentement.
Les "Indignés" lèvent aujourd'hui le poing contre le ciel... Qu'en obtiendront-ils ? Rien... On n'obtient pas grand chose d'une opposition Saturne-Uranus, seul l'espoir fou et si naïf que l'on va tout changer. On ne change rien au bout du compte sur l'instant, car on ne le peut pas... Comme ceux qui proclamaient "Ni Dieu ni Maîtres" en 1968 et ont dû se couper les cheveux pour aller travailler. Comme tous ces mouvements hippies qui croyaient à l'amour libre en communauté et n'en ont au mieux tiré que la culture clandestine du cannabis en Californie...
Pour d'autres raisons (conjonction Uranus-Pluton juste avant 1968), il nous en est resté au moins de la bonne musique : "Street fighting man" des Rolling Stones (hommage aux étudiants français de mai) et "Révolution" des Beatles (dénonciation à l'inverse des gardes rouges chinois et de leurs crimes), deux chansons écrites en 1968...
Aujourd'hui, nulle révolution musicale, nulle révolution culturelle et uniquement des conflits planétaires "lourds"... Les "Indignés" marchent donc comme des funambules, le poing dressé contre le ciel, à dénoncer la finance mondiale mais à contretemps (la bulle des subprime est crevée depuis 2007...), à chercher en vain un responsable qui pourrait bien leur offrir des vies paradisiaques mais payées par le travail des autres... C'est raté ! Ils n'auront rien, les caisses sont vides... Pas plus que leurs aînés de 1968, les putschistes communistes allemands des années 1920 ou les Indiens d'Amérique des années 1870-1880...
Une opposition Saturne-Uranus rime avec une colère légitime mais solution possible. Illusions, illusions... Et comme le disent déjà certains, qui auront le dernier mot au bout du compte, ils feraient mieux de chercher du travail plutôt que d'arpenter le pavé dans tous les sens. Oui, c'est sûr. Cela n'empêche pas de comprendre le désespoir d'une jeunesse qui ne se voit aucun avenir aujourd'hui... C'est du gauchisme, et alors ? Si vous n'avez jamais été idéaliste, quelle tristesse !
Oui, mais le contexte est bien différent aujourd'hui de la prospérité de 1968 et la violence n'est peut-être pas très éloignée. En fait, au delà d'un mouvement très pacifiste aujourd'hui, c'est surtout la suite que l'on peut redouter : la désillusion... Elle est toujours présente après une opposition Saturne-Uranus et engendre colère, rancune et violence. Comme dans les années 1970 avec l'apparition de tous les groupuscules terroristes : bande à Baader en Allemagne, Brigades Rouges en Italie, Fraction Armée rouge au Japon, Action Directe en France, Eta en Espagne, Ira en Irlande, etc. De façon plus spécifique, ces actions terroristes gauchistes, nées de la décomposition d'une extrême-gauche plus traditionnelle, dépendent surtout d'un mauvais Neptune. Or, on l'a déjà avec la décroissance de son cycle avec Saturne depuis 2007 (crise des subprime au plan économique) et on l'aura encore plus après 2015 avec le conflit que lui livrera Uranus (demi-carré exact de 2017 à 2019). Sur ce plan là , l'extrême-gauchisme, on atteindra peut-être le fond.
Mais dans l'immédiat, place encore à la spontanéité de la jeunesse !