ENDETTEMENT DES "PIGS" : LECONS D'UNE CRISE
Avec la crise débutée en 2007 et les plans de relance depuis un an, on peut dire qu'une nouvelle "bulle" s'est créée : celle des dettes souveraines. Comme pour toutes les bulles, on ne les voit pas enfler, on ne les voit pas dépasser la mesure et on en prend seulement conscience lorsqu'elles éclatent...
Nous exagérons un peu. Il y a quand même eu des analyses sur le gonflement des déficits à cause des plans de relance et les dangers nouveaux que cela apporte. C'est vrai. Mais en revanche, on n'a vu aucun dirigeant occidental freiner les dépenses pour éviter le risque d'une crise financière. Pour quelle raison ? L'électoralisme.
Les signes annonciateurs étaient pourtant clairs il y a déjà plus d'un an. A cause de la crise du crédit initiale, l'Islande et certains pays d'Europe de l'Est se sont retrouvés au bord de l'insolvabilité pendant l'hiver 2008-2009. Mais les pays un peu mieux portants n'ont pas voulu entendre l'avertissement, leurs dirigeants considérant qu'il valait mieux, dans l'immédiat, cultiver leurs clientèles électorales respectives.
La première faillite ou menace de faillite, celle de l'Emirat de Dubaï en novembre 2009 a donc constitué une surprise. Pourtant, nous avions correctement souligné qu'il risquait fort d'y avoir de graves problèmes en matière d'endettement... En effet, dans la foulée de l'opposition Saturne-Uranus, on trouvait un très long carré (angle négatif de 90°) entre Saturne et Pluton de novembre 2009 à octobre 2010 et, plus spécifiquement, de novembre 2009 à février/mars 2010 puis de juin à septembre 2010.
Or, Saturne et Pluton concernent notamment, au plan économique, l'endettement des Etats comme des entreprises et des particuliers. Il y a cependant de bonnes dettes à faire... Par exemple celles de l'administration Reagan du début des années 1980 pour remettre en route l'économie américaine. Et on a vu le résultat dés 1983 avec un retour brutal de la croissance qui a, au bout du compte, généré un accroissement des recettes fiscales. Mais en 1982, il y avait une relation favorable entre Saturne et Pluton, sous la forme d'une conjonction (angle favorable majeur de 0°).
On nous objectera peut-être que, quelques années plus tard et notamment en 1987, l'Amérique ployait sous les dettes. D'où le krach de 1987, connu sous le nom de krach des "déficits jumeaux" (budget fédéral et commerce extérieur). Certes, mais personne n'avait obligé Ronald Reagan à s'endormir sur ses lauriers et à ne pas corriger le tir des déficits une fois la croissance et l'emploi revenus. Une erreur fatale, mais qui ne tenait pas cette fois à Saturne et Pluton mais à Uranus et Pluton (demi-carré négatif de 1986 à 1988). En fait, c'est surtout Pluton qui est le marqueur intéressant en matière d'endettement...
Actuellement, nous avons donc une relation négative Saturne-Pluton, dont la nocivité est accentuée par Saturne et Uranus en opposition. On a vu le résultat... La Grèce croyait pouvoir avoir 50% de fonctionnaires payés à ne rien faire ou pas grand chose mais, à présent, on réduit leurs traitements et on les licencie parce qu'il n'y a pas d'autre solution. Et c'est un gouvernement socialiste qui fait ce sale travail, de surcroît...
Parmi les "Pigs" (Portugal, Ireland, Greece, Spain), c'est désormais la panique. Car si les taux d'intérêts doivent doubler (comme en Grèce) en quelques petites semaines, c'est l'asphyxie assurée et la menace d'une ruine dont on ne pourrait plus se relever... La leçon, sévère, vaut pour les pays les plus fragiles ou les plus mal gérés depuis longtemps, ceux qui ont une économie déséquilibrée aussi, comme l'Espagne qui a tiré l'essentiel de sa croissance des 20 dernières années du seul secteur immobilier. Mais la leçon vaut aussi pour tous les pays les plus solides, car leurs dirigeants ne peuvent ignorer à présent les mécanismes diaboliques d'une crise financière née de l'endettement. On a donc tremblé en Italie, en Grande-Bretagne, en Belgique, en France, aux Etats-Unis et en Allemagne ces derniers jours... Car le premier signe d'une crise financière "possible", ce serait la dégradation des notes long terme des agences de notations comme Standard & Poors, Moodys ou Fitch...
De notre point de vue, la crise actuelle des endettements n'en est qu'à ses balbutiements. Hélas...
Sur ce plan, restons-en d'abord au court terme. La mauvaise relation Saturne-Pluton est toujours là , ce qui implique que d'autres situations explosives peuvent apparaître, se créer ou monter en puissance sur les semaines et mois à venir. Mais si l'on veut pointer la période potentiellement la plus désastreuse, elle concerne essentiellement l'été 2010 à venir. Car outre la reformation du mauvais carré Saturne-Pluton, nous aurons en même temps Jupiter et Uranus qui se mettront également de la partie. N'essayons évidemment pas de faire de la politique ou de l'économie fiction... Mais soulignons simplement que, durant l'été 2010, il existera un risque "potentiellement" fort de voir la crise des déficits prendre une nouvelle dimension et, peut-être, frapper à la porte de pays a priori beaucoup plus solides que les "Pigs". C'est en tout cas une possibilité, mais ne négligeons pas non plus d'autres formes à une nouvelle crise financière... On peut par exemple s'inquiéter des répercussions qu'aurait une faillite ou menace de faillite en Amérique Latine, l'Argentine paraissant à cet égard un bon candidat potentiel... Dans ce cas, ce sont les risques systémiques qui seraient le plus à redouter pour l'ensemble de la planète.
Si l'on prend beaucoup de recul, on peut cependant se dire que, si l'été 2010 peut conduire à de vrais désastres, ce n'est sans doute pas le pire que l'on verra. En effet, la mauvaise relation Saturne-Pluton va passer relativement vite. Sur ce plan, on devrait surtout jouer à se faire peur, même si certains pays peuvent effectivement sombrer comme la Grèce ou d'autres être lourdement handicapés pour les années à venir.
Mais pour l'essentiel, la période est aujourd'hui marquée par une belle relation entre Uranus et Neptune, ce qui implique un certain redémarrage économique par la consommation. C'est à dire par les plans de relance, dont la philosophie est évidemment keynésienne. Au bout du compte, ils ne parviendront cependant pas à faire repartir l'ensemble de l'économie, car il manquera les moteurs essentiels que sont l'investissement et l'innovation. Or, ces deux domaines essentiels dépendent de Pluton et non de Neptune. La croissance sera donc bancale et largement artificielle, à la mesure des plans de relance si bien symbolisés par Neptune (la consommation) et elle ne pourra pas durer bien longtemps.
En effet, à partir de 2012, va apparaître au grand jour une nouvelle configuration de premier plan sous la forme d'un carré négatif Uranus-Pluton. Cette configuration va remettre au goût du jour les déficits et, plus exactement, les déficits insoutenables que les plans de relance auront contribué à faire gonfler ou déraper. Ce sera alors à notre avis beaucoup plus sérieux et menaçant que la situation actuelle avec Saturne et Pluton. De 2012 à 2016-2017, on peut penser qu'une nouvelle étape va s'ouvrir dans la crise économique actuelle et ce sera celle... des déficits ! Certains pays seront probablement en faillite, tandis que les autres seront tellement noyés sous leurs dettes qu'il n'y aura plus aucune marge de manoeuvre économique. Les budgets des Etats seront trop occupés, malheureusement, à simplement payer les intérêts des immenses dettes accumulées !
En résumé, nous avons actuellement un simple banc d'essai en matière de crise des endettements. Les mois à venir, et surtout l'été prochain, devraient provoquer d'autres drames et, probablement, certains d'entre eux feront frémir. Mais il ne s'agit cette année que d'un premier coup de semonce avant la confrontation entre Uranus et Pluton des années 2012 à 2017, qui devrait voir le problème des déficits devenir la préoccupation majeure et quasi exclusive de tous les pays développés. Il ne s'agira alors plus de crises spectaculaires mais isolées, ce sera une situation de crise chronique qui verra l'ensemble du monde occidental s'enliser dans le marasme de l'endettement excessif. Cela tuera inévitablement le retour de la croissance jusqu'en 2012 et hypothèquera tout dynamisme économique suffisant sur les années suivantes. Sans doute diverses récessions devraient s'engouffrer dans cette nouvelle brèche entre 2012 et 2020.
La planète entière maudira alors les déficits. Mais ce sera trop tard. Le clientélisme politique aura provoqué l'une des plus grosses bulles spéculatives de tous les temps. Il suffit aujourd'hui de voir enfler et enfler encore les bulles des différentes dettes souveraines pour entrevoir la portée de la crise qui est devant nous. Un aperçu en est déjà donné cette année, mais il ne s'agit que d'un gentil avertissement avant le marasme annoncé à partir de 2012.
Le 8 janvier 2010