La Grèce continue d'inquiéter, ses taux à dix ans ayant désormais des rendements environ 400 points de base (4 points de pourcentage) au-dessus des empruns européens de référence, à savoir les bunds allemands à 10 ans.
La situation du pays est à court terme intenable, puisqu'elle doit refinancer 20 milliards d'euros avant la fin mai. Cela implique très probablement que l'Union Européenne va devoir voler à son secours, ce qui entraînerait à tous les coups une crise européenne. Car tout le monde est bien conscient que la Grèce n'est que la partie émergée de l'iceberg monstrueux de l'endettement des Etats. Le problème n'est pas sur ce plan la Grèce, mais les montagnes de dettes accumulées aux quatre coins de l'Union...
De plus en plus, notre hypothèse d'une crise estivale à cause des déficits excessifs prend corps. On mesurera peut-être dés les prochains mois à quel point de nombreux politiques ont été irresponsables. Non à cause des mesures prises contre la crise, ce qui était en grande partie inévitable, mais à cause des déficits structurels qui se sont accumulés dans un certain nombre de pays depuis des décennies. Cela concerne notamment la France, l'Italie, la Belgique, le Portugal et bien entendu la Grèce. Mais aussi les Etats-Unis... C'est dans ces pays que la crise des déficits risque d'être la plus grave et la plus longue...
Mais les marchés ne feront sans doute que secondairement la différence entre déficits "structurels" et "conjoncturels". La Grande-Bretagne et l'Espagne, peu endettés structurellement mais très lourdement à cause de la crise, ne seront sûrement pas épargnés.
De surcroît, on constate que la reprise est en panne sur le Vieux continent et notamment dans la zone euro, comme l'on indiqué les chiffres d'une croissance stagnante au dernier trimestre 2009. Or, tous les Etats ont de façon bien entendu trop optimiste tablé sur une reprise de la croissance pour augmenter les recettes fiscales prévues, et donc la maîtrise et la réduction de leurs dettes. La France, par exemple, table de façon surréaliste sur une croissance à 2,5% à partir de 2011. Cela ne se produira évidemment pas... Par conséquent, ces pays sont très exposés aux marchés car personne ne peut croire qu'ils parviendront à contrôler (ne serait-ce que cela...) la spirale de leurs endettements sans plans de rigueur sévères. C'est finalement à cela que va conduire la crise des déficits !
Notons par ailleurs que notre indicateur principal jusqu'en 2012 (Uranus-Neptune, haussier pour les marchés d'actions et positif pour la croissance économique) concerne au premier chef les plans de relance et leurs effets, à savoir une sorte d'assistanat des Etats à l'économie et à la consommation des ménages. Or, c'est bien ce que le FMI et la Fed viennent de constater à une semaine d'intervalle : la croissance des pays industrialisées est repartie, mais elle est fragile et vulnérable car elle tient presque entièrement aux effets des plans de relance. Par ailleurs, la demande privée ne prend pas le relais à l'étape actuelle, ce qui est très préoccupant.
Indépendamment de la crise des déficits, nous tablons jusqu'en 2012 sur la poursuite de la reprise économique, et par conséquent à un certain redémarrage de la demande privée. Cependant... Cependant, il ne s'agira à notre avis pas de l'amorce d'un nouveau cycle de croissance car il manquera les éléments essentiels et fondamentaux de l'innovation et de l'investissement des entreprises. Cette reprise économique est et restera donc en grande partie bancale et avec des fondements largement artificiels. Pendant les 3 années où elle devrait durer (de 2009 à 2012), il ne s'agira sur le fond que d'une croissance assistée et non autonome.
Pour envisager un vrai cycle de croissance, il aurait fallu une relation constructive Uranus-Pluton ou un nouveau cycle Saturne-Pluton. Non seulement ce ne sera pas le cas, mais nous aurons à l'inverse une relation négative Uranus-Pluton parfaitement en place de 2012 à 2015. Cette influence se fait déjà sentir dans de nombreux domaines (montée de l'extrême-droite et crise des partis conservateurs traditionnels au plan politique; hausse de la fiscalité qui tuera tout retour possible de la croissance et crise des déficits au plan économique).
Ne croyons donc pas que la crise des déficits qui nous semble une bonne hypothèse pour les mois à venir (surtout l'été prochain) va prendre fin à l'automne prochain... Elle continuera ensuite de façon larvée et cassera définitivement la reprise économique actuelle à partir de 2012/2013. De ce point de vue, la crise des déficits n'a fait que timidement commencer fin 2009 et elle durera probablement jusqu'à un franc retour de la croissance qui n'aura pas lieu avant 2020.
Deux pays symbolisent peut-être le mieux la longue crise des déficits : les Etats-Unis et la France. Les Etats-Unis, car leur réforme du système de santé ne pouvait tomber à un pire moment. De surcroît, l'administration Obama a maquillé les chiffres pour arriver à estimer que cette réforme allait permettre de réduire le déficit fédéral ! Il n'en sera évidemment rien et, au contraire, la réforme ne fera que les accentuer. Quant à la France, dont les politiciens sont toujours prompts à faire des cadeaux aux diverses catégories de fonctionnaires ou à multiplier des dépenses sociales d'assistanat, il n'y a pour le moment aucun programme pour remettre un peu d'ordre dans cette anarchie. La Grèce montre parfaitement dans quelle situation va se retrouver rapidement la France... La Grèce est un vrai petit laboratoire économique, financier, social et politique des conséquences à attendre de la crise des déficits.
Le sujet est donc à notre avis primordial, car il ne s'agit pas d'un problème ponctuel qui pourrait se résoudre avec quelques mesurettes ici ou là . Il n'y aura pas de rentrées fiscales miraculeuses qui permettraient sur les années à venir de contenir les déficits structurels et, de la même façon, les hausses de fiscalité qui ont ou auront lieu ne feront que laminer toute croissance possible. Les pays industrialisés vont donc s'enferrer dans les déficits, d'autant plus profondément que les politiciens traditionnels veulent et voudront tous croire que la sortie du tunnel se fera quelques mois plus tard. Elle ne se fera pas et ils créeront même par de mauvaises décisions un tunnel économique interminable.