Sauver l'Europe ? C'est trop tard...

Le bilan et les perspectives des marchés financiers.

Sauver l'Europe ? C'est trop tard...

Messagepar Jean-Francois Richard » Ven 14 05 10 16:34

Sauver l'Europe ? C'est trop tard...

Il est trop tard pour sauver l'Europe... Nous ne cherchons pas à tomber dans un sensationnalisme malsain, c'est malheureusement la seule et triste conclusion à tirer tant des configurations planétaires à l'oeuvre que de l'évolution récente de la crise des déficits.

La Grèce, le Portugal et l'Espagne viennent d'adopter des plans d'austérité après l'Irlande. L'Italie et la France s'y préparent... Le point commun des plans déjà adoptés est la baisse des dépenses publiques (baisse des salaires des fonctionnaires comme de leurs effectifs), la hausse des impôts (sur les revenus comme sur les bénéfices des entreprises) et la réduction des dépenses sociales (baisse des pensions de retraite et limitation de certaines prestations). Ceci va surtout impacter négativement la consommation des ménages tout en réduisant davantage l'investissement des entreprises. Au bout du compte, c'est un scénario déflationniste et dépressionniste qui se met en place sur longue période...

Il est donc trop tard pour sauver l'Europe et l'opinion va commencer à mesurer concrètement le drame d'Etats à présent en faillite pour avoir accumulé des déficits insoutenables. Tout le monde y perdra : les fonctionnaires et assimilés en premier lieu, cette catégorie ayant cru à tort que l'on pouvait étendre à perte de vue les limites des Etats; les classes moyennes dans leur ensemble, qui vont voir leur charge fiscale s'accroître et le chômage menacer de les déclasser radicalement; les assistés qui bénéficient de prestations sociales qui n'ont jamais été finançables et qui vont se réduire ou être supprimées; les entreprises qui auront du mal à résister à une surdose fiscale et à une réduction des commandes publiques. Bref, c'est un monde qui est en train de s'écrouler devant nous et nul doute que cette période ne soit tristement historique...

Il est donc trop tard pour sauver l'Europe, du moins celle que nous connaissons aujourd'hui. Le drame des déficits, une fois la crise installée, c'est qu'il n'y a plus aucune bonne solution. Bien sûr qu'il faut réduire les déficits ! Mais il fallait surtout ne pas les laisser filer de façon souvent irresponsable auparavant, et sans liens avec la crise récente assez souvent... En période de croissance, c'était pourtant facile de réduire des dépenses infinançable, à l'image de celles que la France, l'Italie, la Grèce ou le Portugal ont accumulé pendant des décennies; à présent, il faut évidemment les réduire mais on crée ainsi une spirale infernale qui renforce la crise économique et ses conséquences. Il est donc trop tard pour trouver des solutions constructives, tout simplement parce que le mal est à présent trop profond. C'est le drame des déficits ! C'est le drame que l'Allemagne a connu dans les années 1930 et la raison de sa responsabilité gestionnaire d'aujourd'hui. Ce n'est pas l'esprit "germanique" qui serait à l'oeuvre, c'est le fruit d'une expérience atroce qui a marqué ce pays pour des générations.

Désormais, on va mesurer l'irresponsabilité des politiciens et le marasme provoqué par leur clientélisme. Les conséquences destructrices sont au bout du compte sans aucune comparaison possible avec les maigres avantages qu'ils ont pu octroyer aux catégories respectives qu'ils ont voulu avantager. Il est tout de même assez effarant de voir que vont être remis en cause nombre d'avantages sociaux notamment. On avait cru pouvoir créer, notamment dans le Sud de l'Europe, toute une série de mécanismes d'assistance. Et on pensait que cette "socialisation de l'économie", au bout de compte, était naturelle et irréversible. En France, une des caricatures de cette pensée "socialement correcte", la palme revient sans doute à Martine Aubry qui revendiquait l' "instauration de la civilisation des loisirs" en instaurant les 35 heures en 1998...

On se demande bien, à présent, ce qu'il va rester de tous ces châteaux de cartes... L'Europe a sans doute atteint une sorte d'âge d'or ces dernières années ou décennies et, à présent, nous allons assister à son effondrement. Ou du moins, un certain effondrement dont l'astrologie ne peut évidemment pas mesurer toutes les implications. L'éclatement est devant nous, mais l'inconnue demeure de savoir jusqu'à quel point ou quel degré qualitatif celui-ci va avoir lieu. Seules les lignes de fracture sont connues, entre une Europe du Nord relativement responsable et une Europe du Sud qui a joué les cygales pendant des décennies. On peut également souligner l'esprit si typiquement clientéliste de la construction européenne qui, finalement, a "acheté" l'élargissement européen à coup de subventions et de fonds structurels. Sans doute cette manne qui semblait illimitée va-t-elle se tarir ou disparaître... Que restera-t-il alors comme ciment européen ? Sans prétendre avoir la réponse, on peut au moins se poser la question.

Au plan astrologique, la catastrophe qui s'avance est bien entendu liée au conflit entre Uranus et Pluton qui, historiquement, a toujours signifié récession, hausse des impôts, déficits ou faillite des Etats. S'il n'y avait que cela, la crise serait sévère mais peut-être pas trop grave. Mais cette relation planétaire qui commence seulement à s'installer suit de fort près la décroissance de tous les cycles de Saturne jusqu'en 2020. Pour mémoire, rappelons le krach Internet de 2000 (Saturne-Pluton), le krach des subprime (Saturne-Neptune) et le krach bancaire (Saturne-Uranus) qui est encore à l'oeuvre dans sa phase la plus épidermique.

La crise des déficits devrait probablement continuer à prendre sinistrement de l'ampleur sur les mois à venir car, sur cette année 2010, nous avons un très mauvais quatuor entre Jupiter, Saturne, Uranus et Pluton. Cela donne ainsi l'idée que l'on risque fort d'aboutir rapidement à un paroxysme dans la crise des déficits. Pour ne rien arranger, Jupiter est à présent en opposition de Saturne (décroissance du cycle par conséquent), ce qui implique des temps durs pour l'Europe. On le voit déjà, mais ce n'est pas fini, loin de là... Historiquement, la décroissance de ce cycle implique toujours pour le Vieux Continent échecs, déboires et revers au plan de sa construction, de son intégration économique et monétaire. On l'a trop bien vu au début des années 1930 avec le lancement de la course à la guerre, l'échec sur un mode assez mineur de la CED (Communauté européenne de Défense) au début des années 1950, l'éclatement du "serpent monétaire" et la non intégration de la Grande Bretagne à la CEE de l'époque dans les années 1970, l'éclatement encore plus virulent du SME (Système Monétaire Européen) et la crise politique née de la chute du mur de Berlin dans les années 1990...

Ce ne sont pas seulement des temps difficiles qui s'ouvrent pour l'Europe, ce sont des temps durs. La tendance générale est à l'éclatement, à la dilution et aux conflits. On mesure déjà à quel point l'idéal européen n'est pas suffisant pour assurer une construction européenne soutenable dans le temps. La leçon est cruelle et les plaies ne sont qu'en train de s'ouvrir. Le traité de Lisbonne, auquel beaucoup ont cru sincèrement comme enfin capable de simplifier le fonctionnement des institutions européennes, se révèle les avoir compliquées de façon inextricable entre un président de la Commission, la conférence des Chefs d'Etat, la présidence tournante de l'UE, un Parlement et, cerise sur le gâteau, un président de l'Union dont on ne voit d'ailleurs pas à quoi il sert...

Bien entendu, on parle de grandes réformes, notamment en matière de "gouvernance économique". Des mots, des mots, des mots... Personne ne sait ce que cela recouvre et, si tant est que cela puisse recouvrer quelque chose, personne ne sait comment s'y prendre et le contenu lui-même est source de divergences profondes. Pour le moment, le seul fait à retenir est la décision de l'UE de financer les déficits nationaux sans contreparties et, par conséquent, d'étendre à toute l'Europe la crise des déficits ! L'heure n'est en effet pas à construire l'Europe, mais de simplement assister à ce qui va être emporté avec le marasme des déficits. L'heure est sans doute à résister pour sauver ce qui peut l'être, mais le dos au mur et accablés par une situation incontrôlable.... Heureusement sans doute, le beau duo actuel entre Uranus et Neptune peut arriver peut-être à éviter de trop grands désastres puisqu'il pousse à la coopération internationale et donc à celle entre les différents Etats européens. Une solution provisoire à la fin de l'été ? Pourquoi pas... Dans ce cas, la coopération internationale, incluant peut-être le FMI et les pays émergents, pourraient peut-être venir à la rescousse.

Mais relevons cependant, et au-delà de la crise aigue actuelle, que le prochain élan européen n'aura pas lieu avant 2020. Sur les dix ans à venir, où par ailleurs la crise économique va continuer à être dominante, l'Europe continuera donc d'être secouée de mille façons. Ce sont des temps durs qui sont devant nous et n'espérons pas les voir s'adoucir par un coup de baguette magique.

Quant aux marchés d'actions, pour conclure, n'espérons évidemment pas les voir résister aux secousses et aux crises des prochains mois. On peut simplement se demander dans quelle proportion exacte ils vont s'effondrer...

Le 14 mai 2010

Jean-François Richard
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