Le lundi 28 mars a lieu une opposition (angle négatif majeur de 180°) entre Jupiter et Saturne. Historiquement, une telle configuration constitue toujours un grand rendez-vous pour l'Europe. Cela marque en effet une sorte d'apogée de l'idéal européen et de la construction aussi bien politique que monétaire.
L'apogée, en quelque sorte, nous venons notamment de le voir avec l'accord aujourd'hui au Conseil européen pour gérer la crise des déficits et voler au secours du Portugal, troisième membre défaillant après l'Irlande et la Grèce. Sans parler de pays hors zone euro comme l'Islande et la Hongrie...
Mais une fois la configuration Jupiter-Saturne en place, c'est la dégringolade. Ce fut le cas après l'opposition du début des années 1930 qui a enterré le projet de fédération européenne qui devait établir définitivement la paix sur le Vieux Continent; ce fut le cas au début des années 1970 avec l'enterrement rapide du "serpent monétaire européen"; et ce fut à nouveau le cas au début des années 1990 avec l'explosion de la belle construction du "Système monétaire européen".
Il y a donc tout lieu de penser que le plan de gestion des déficits européens ne marchera pas et est d'ores et déjà condamné à l'échec. Pour différentes raisons sans doute, mais la principale peut se résumer rapidement par la trop grosse importance de ces déficits... On peut sans doute aider un petit pays surendetté, mais on ne peut pas aider toute l'Europe ! C'est le serpent qui se mord la queue... Or, après les petits pays qui tombent comme des dominos, on va bientôt passer à une étape supplémentaire de cette crise des déficits quand elle touchera de grands pays dont le montant de la dette est colossal. Ce sera probablement le cas quand l'Espagne sera touchée et on peut déjà redouter que ce soit le cas durant ce printemps.
Les mois à venir sont en effet à hauts risques. Outre l'opposition Jupiter-Saturne, si défavorable à l'Europe, il y a également le conflit entre Saturne et Pluton (carré de 90°). Celui-ci a lancé la crise des déficits à la fin de 2009 avec la première faillite, celle de l'émirat de Dubaï qui a été rapidement suivie par celle de la Grèce. Or, cette mauvaise relation planétaire se renforce sur les prochains mois et elle risque par conséquent de provoquer de nouveaux dégâts.
Soulignons enfin qu'une opposition Jupiter-Saturne a également une influence négative sur les taux d'intérêts et l'immobilier. La flambée des prix est probablement arrivée à un sommet qu'il sera difficile de dépasser, la principale raison en étant probablement la poursuite de la hausse des taux d'intérêts tandis que le pouvoir d'achat des ménages stagne. Globalement, il est même en recul à cause du chômage, des hausses des prix à la consommation et de la flambée de la pression fiscale.
Avec cette opposition Jupiter-Saturne, on devrait se rendre compte un peu plus que la grande crise qui a débuté avec les subprime en 2007 n'est pas terminée. Certes, la croissance économique est partiellement de retour et elle n'est pas compromise dans l'immédiat. Mais la crise a d'autres ressources pour se développer et saper tout retour à une croissance saine et durable. En particulier, cela concerne des déficits souverains ingérables et une Europe qui a trop longtemps cru que l'on pouvait vivre en accumulant sans fin les crédits...
Le vendredi 25 mars 2011
Jean-François Richard
http://www.bourseanticipations.com
