Bonjour,
Ci-dessous une lettre ouverte au Premier ministre, François Fillon, pour dénoncer une politique d'atteinte à la liberté d'expression et à la liberté d'entreprendre en matière d'astrologie.
Cordialement.
BOURSE ANTICIPATIONS
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Objet : lettre ouverte.
Lambesc, le 20 décembre 2010
Monsieur le Premier ministre,
Par la présente, je vous fais part d'une légitime révolte, suscitée par une politique qui compromet le pluralisme de la presse et qu'orchestre depuis plusieurs années la "Direction des Médias et des Industries Culturelles" (DMIC) placée sous votre autorité directe. L'astrologie est notamment dans le collimateur de votre administration, qui s'est arrogée le droit de censurer économiquement les publications qui ne lui conviennent pas. Cela heurte le journaliste professionnel que je suis depuis près de trente ans et rappelle les procédés d'encadrement de la presse des "ministères de l'information" des années 1960 et 1970.
En voici les conséquences…
Dans un jugement arrogant et méprisant, rédigé à la va-vite après avoir méticuleusement tardé plus de deux ans et demi à le prononcer (au lieu de la durée normale d'un an), négligeant les faits et réécrivant les lois, le Conseil d'Etat vient de rejeter le second recours pour excès de pouvoir, déposé par la publication Bourse Anticipations contre son exclusion depuis 2004 du régime économique de la presse par la CPPAP (commission paritaire des publications et agences de presse).
Cela tient au fait que vos services de la "direction des médias" chapeautent cette CPPAP, qui est présidée par un Conseiller d'Etat et que le seul recours en cas de contestation passe par… le Conseil d'Etat ! Ce faisant, on aboutit à un système autarcique et anti-démocratique, qui fonctionne en vase clos et ne souffre donc aucune contestation possible : cela encourage évidemment tous les abus.
Bourse Anticipations avait pourtant été jusque là "normalement" inscrite depuis 1998 à la CPPAP comme c'est son droit. Et qui plus est, à l'origine, avec les encouragements personnels du président de la CPPAP et Conseiller d'Etat de l'époque ! Mais ce dernier, visiblement, pouvait encore respecter scrupuleusement la loi républicaine et, de ce fait, s'interdisait de juger telle ou telle publication selon des critères partisans. Ce n'est plus le cas, au moins depuis 2004.
En premier lieu, le jugement du Conseil d'Etat ne pouvait évidemment pas être "équitable", selon les critères habituels d' une démocratie. Comment le Conseil d'Etat peut-il en effet juger de façon impartiale la décision d'un… Conseiller d'Etat ? C'est évidemment impossible. Et comment ce même Conseiller d'Etat pouvait-il initialement prendre une décision indépendante à la tête de la CPPAP, alors qu'il est placé sous votre autorité directe par le biais de votre "direction des médias" qui dirige et instrumentalise désormais cette commission ?
A l'évidence, un tel emboîtement de poupées russes ne respecte pas la séparation la plus élémentaire des pouvoirs entre l'exécutif et le judiciaire; et qui plus est, c'est "entre amis" que s'apprécient les contestations éventuelles ! Montesquieu peut se retourner dans sa tombe : étant donné la confusion des pouvoirs, l'administration a tout loisir pour prendre des décisions discrétionnaires sans avoir de comptes à rendre à quiconque, tandis que le Conseil d'Etat ne peut assurer de "procès équitable" en cas de contestation puisque se trouvant à la fois juge et partie.
En second lieu et sur le fond, vos services de la "direction des médias", la CPPAP placée sous leur autorité et présidée par un Conseiller d'Etat ainsi que ses collègues du Conseil d'Etat ont "unanimement" considéré qu'un journal présentant des prévisions boursières basées sur certaines techniques astrologiques n'est pas digne d' "intérêt général". Tous les journaux astrologiques grand public sont pourtant reconnus d' "intérêt général", de même que toutes les lettres financières ou boursières de différentes natures… Mais pas Bourse Anticipations, qui bénéficie ainsi d'un régime spécial et taillé sur mesure ! Sans doute vos services considèrent-ils qu'il est plus facile de mépriser une petite publication, que d'autres avec un public plus large ou dépendants de grands groupes de presse ou financiers. Il n'y a en effet aucune autre explication possible… Voilà une bien courageuse attitude !
Ce faisant, le résultat de ce montage bureaucratique aboutit à encadrer autoritairement les lectures et les centres d'intérêt du public. L'astrologie déplaît à quelques fonctionnaires ? Eh bien, on va la censurer à la moindre occasion ! Mais quelle est la loi qui autorise à juger de la pensée et de convictions que ne partagent pas d'inamovibles grattes-papier ? Il n'y en a aucune… Bien au contraire : toutes les lois fondamentales depuis 1789 reconnaissent la liberté d'expression et encouragent à sa diffusion au nom, justement… de cet "intérêt général" ! Cet "intérêt général" synonyme de liberté et de pluralisme de la pensée, que le système aberrant de pensée unique mis en place sous votre autorité prétend régenter et dévoyer au profit d'obscurs intérêts partisans…
Cela va encore plus loin… Bourse Anticipations protestait spécialement, dans son second recours en Conseil d'Etat en 2008, contre la discrimination économique subie. En effet, des concurrents plaisent davantage à votre bureaucratie des médias et ils se trouvent ainsi favorisés par la CPPAP au plan fiscal, social et postal. Il y a des lois fondamentales qui imposent pourtant le respect absolu de l'égalité devant la loi et notamment devant l'impôt. A l'évidence, celui-ci se trouve violé, bafoué, ridiculisé. Mais cela n'a visiblement aucune importance pour vos services, ni pour la CPPAP qui est placée sous leur coupe et pas davantage pour le Conseil d'Etat qui assure la présidence de cette CPPAP… Voilà ainsi des gens assurés d'un confortable emploi à vie et d'une retraite dorée qui, sous des prétextes partisans et non avoués, se permettent de faire la pluie et le beau temps dans le secteur privé qui ne dispose pas pour sa part de tels privilèges et notamment quand il s'agit de petites entreprises de presse.
Le Médiateur de la République a pourtant donné raison par deux fois à Bourse Anticipations, lors de son premier recours devant la CPPAP en 2005 (pour entrave à la liberté d'expression) et lors du second en 2008 (pour violation du principe d'égalité devant la loi et devant l'impôt). Mais peu importe, cela n'avait aucune raison d'émouvoir les rouages soudés d'une bureaucratie arrogante, fière de l'être et sûre de son impunité.
Enfin, cerise sur ce gâteau déjà bien chargé, votre équipe de censeurs considère que Bourse Anticipations est "susceptible d'induire en erreur les épargnants" car recourant à l'astrologie. En voilà un bel argument ! Parfaitement illégal au demeurant, puisque aucune loi n'interdit évidemment de s'intéresser ou d'utiliser l'astrologie dans ses différentes formes… Et il y a encore moins de lois autorisant une administration des médias, par définition incompétente en matière de bourse, à considérer de son propre chef les qualités de telle ou telle méthode de prévision financière !
On n'a d'ailleurs jamais vu de tels fonctionnaires s'inquiéter des épargnants et de la presse qu'ils peuvent lire, la raison en étant qu'ils n'en ont pas le pouvoir. Fort heureusement… Là encore, c'est donc le pur fait du Prince et un traitement discriminatoire et autoritaire à l'égard d'une seule publication boursière, Bourse Anticipations... Remarquons d'ailleurs que Bourse Anticipations étant uniquement un journal et non un établissement financier gestionnaire, le contribuable n'a jamais dû être appelé à sa rescousse comme ce fut le cas pour sauver les banques à l'automne 2008 ! Car en matière de mauvaise orientation des épargnants, chacun connaît bien les prodiges réalisés par les banques, leurs stratèges et leurs conseillers… Peu importe : on peut en tout cas mesurer la suffisance de vos services en la matière, s'il en était encore besoin.
Qui plus est et comble de l'ironie, Bourse Anticipations avait mis en garde ses lecteurs dés le printemps 2007 sur la crise financière et boursière que l'on pouvait astrologiquement redouter, ce qui constitue certainement le seul motif répréhensible ! Pire sans doute, mon dernier ouvrage ("La crise vue par l'astrologie" - Editions Trajectoire/Groupe Piktos- 2009) n'a pas dû plaire davantage aux esprits sectaires qui prétendent régenter les médias, puisqu' analysant la crise actuelle comme devant durer toute la décennie actuelle, notamment à cause de déficits publics intenables et d'une fiscalité tueuse de croissance comme la France s'en fait la triste spécialité depuis bientôt quarante ans.
En résumé, il me semble que le Premier ministre d'une démocratie a mieux à faire que de pratiquer ou laisser faire une chasse aux sorcières avec les organismes administratifs placés sous son autorité. La collectivité ne lui a pas donné ce droit. Ce sont nos libertés indivisibles et l'égalité républicaine qui s'en trouvent bafouées. En conclusion, on se demande si vos services ont dévoyé d'eux-mêmes leur mission ou si le respect du pluralisme constitue pour vous une préoccupation qui devrait pourtant être naturelle.
Veuillez agréer, Monsieur le Premier ministre, l'expression de mes salutations distinguées.
Jean-François Richard
Directeur de Bourse Anticipations