Les conséquences de l'explosion du Parti Socialiste

Discussion sur les perspectives économiques, politiques, sociales ou autres de la France.

Les conséquences de l'explosion du Parti Socialiste

Messagepar Jean-Francois Richard » Sam 22 11 08 17:45

LES CONSÉQUENCES DE L'EXPLOSION DU PARTI SOCIALISTE :



L'élection du premier secrétaire du PS a vu le parti voler en éclats. Les deux camps s'accusent de fraude et celui de Ségolène entend saisir la justice. Il peut y avoir un miracle et une réconciliation, mais cela semble peu probable. On peut donc envisager, même si ce n'est pas encore certain, qu'il va y avoir deux partis de la gauche modérée.



Pour un observateur essayant d'être objectif, les deux courants ont certes des divergences mais on ne peut cependant pas dire qu'ils soient "a priori" inconciliables. Ségolène Royal comme Martine Aubry sont deux énarques et leurs clientèles politique se fondent de façon égale sur le petit peuple des fonctionnaires et assimilés.



Toutefois, ce modèle d'un PS basé sur les lobbies étatiques et bureaucratiques s'est trouvé confronté à la réalité économique, notamment au passage aux 35 heures, chef d'oeuvre au service des agents de l'Etat essentiellement mais finalement rejeté par la majorité des Français comme étant surtout une machine à perdre du pouvoir d'achat. Le soviétisme à la française a sans doute atteint là ses limites...



D'où la crise actuelle du PS, qui remonte en fait à l'échec saignant de Lionel Jospin à la présidentielle de 2002. Martine Aubry, soviétique de pensée comme de programme, grande dame des 35 heures et de l'inepte loi sur les soit-disant "droits nouveaux des travailleurs" en 1982, n'a pas compris l'échec de Lionel Jospin. Pire, son programme se situe dans la continuation du Miterrandisme des premières heures, celui de l'Union de la Gauche avec le PCF qui n'existe pourtant plus, des nationalisations tous azimuts pour accroître le poids de l'Etat et de sa bureaucratie sur une économie encadrée et confisquée. A cet égard, Martine Aubry fait figure de triste dinosaure de la pensée socialiste...



Un élan réformateur encore brouillon :



Ségolène Royal, bien que formée au même moule de la bureaucratie d'Etat, a en revanche compris que le socialisme devait se rénover et ne pouvait plus continuer à vanter, en quelque sorte, les mérites d'un soviétisme à la française. D'où ses critiques contre les 35 heures, ses prises de position "sécuritaires" et son éloignement de l'appareil du parti dont elle faisait pourtant partie. La plupart de ses partisans affichent également une certaine "originalité" socialiste et n'ont pas été pour leur part coulé dans le moule de l'Ena comme la plupart des éléphants du parti. C'est le cas de Julien Dray, autant socialiste qu'anarchiste libéral de droite, et surtout de Manuel Valls, député-maire d'Evry, qui n'a jamais été fonctionnaire et se définit comme un "libéral-socialiste" de type blairiste.



Ce qu'il faut probablement comprendre dans la démarche "réformatrice" de Ségolène Royal, c'est qu'il s'agit d'un processus non abouti à ce stade. Son programme, par exemple, est encore un curieux mélange d'autoritarisme socialiste et de libéralisme anarchisant. Pour beaucoup d'observateurs, le cocktail paraît assez fumeux, à l'image de sa recette démagogique de démocratie participative. Ses élans mystiques ne sont pas non plus faits pour améliorer la compréhension de sa politique.



Il n'en demeure pas moins, sans doute, qu'il s'agit là d'une amorce de réforme profonde de la gauche française. Les autres partis socialistes ont déjà abandonné depuis longtemps les vieux oripeaux d'un marxisme vieilli et dépassé, Ségolène Royal engage à son tour la gauche française dans la même réforme. Cela devrait normalement devenir plus compréhensible au fil du temps.



L'originalité française est la farouche résistance de son appareil bureaucratique à un tel changement, qui s'est pourtant fait sans grande douleur dans les autres pays développés. L'explosion du PS français rappelle à cet égard celle des partis communistes staliniens à partir des années 1970. Dans bien des cas, ces partis avaient scissionné entre une aile stalinienne et une aile en voie de social-démocratisation rapide. La chute du mur de Berlin en 1989 a accéléré le processus et les partis restés staliniens sont devenus des groupuscules, à l'image du parti communiste français...



On voit ainsi l'originalité française, si l'on peut dire, avec une gauche dans son ensemble qui demeure encore très marquée par le soviétisme. C'est vrai du PCF, c'est vrai du PS mitterrandiste. On peut cependant mesurer l'effondrement progressif de ce courant de pensée stalinien, le PCF étant devenu un groupuscule et le PS Mitterrand-Jospin-Aubry étant en train de probablement exploser.



Ces considérations générales donnent un cadre pour essayer de voir ce que l'on peut tirer d'une analyse astrologique sur le PS français. Sur ce plan, deux dates clés semblent à retenir : la création de la SFIO le 25 avril 1905, devenu Parti Socialiste au congrès d'Epinay des 11-13 juin 1971 sous la houlette de François Mitterrand.



1971-2008 : un cycle est bouclé pour le PS



Dans la fondation de la SFIO en 1905, ce qui frappe le plus est une opposition (angle majeur de 180°) Uranus-Neptune, en l'occurrence une configuration de première importance. C'est en quelque sorte une signature de base rendant impossible la conciliation entre le peuple et le capitalisme. Or, on voit que ce problème n'a toujours pas été résolu par le PS. Il l'a pourtant été par le Labour Party de Grande-Bretagne, fondé pour sa part sous la même configuration en 1906.



Si l'on prend par ailleurs le PS refondé par François Mitterrand en 1971, on s'aperçoit que sa principale caractéristique est d'avoir été créé sous une opposition Saturne-Neptune. A cette égard, il est sans doute caricatural de voir que ce parti voit aujourd'hui son avenir menacé, alors que nous en sommes à une nouvelle opposition Saturne-Neptune !



Ainsi, le PS "moderne" a été créé lors de l'opposition Saturne-Neptune de 1971 à 1974 et il est en train d'exploser à l'opposition suivante de 2006 à 2008. Evidemment, constituer un nouveau parti sous une opposition (angle négatif majeur de 180°) d'une telle importance n'était pas la meilleure configuration possible, c'est évident...



On peut d'ailleurs mesurer globalement l'influence du cycle Saturne-Neptune sur le parti socialiste, surtout en retenant les angles négatifs car ils sont plus saillants dans l'histoire du parti et manifestent bien souvent une période de crise idéologique :



- 1971 : opposition Saturne-Neptune. Fondation du PS

- 1979/1980 : carré. Opposition Mitterrand-Rocard pour la présidentielle de 1981 sur fond de profondes divergences économiques.

- 1984 : demi-carré. Nomination de Laurent Fabius comme premier ministre et abandon de la politique d'économie dirigée.

- 1988 : conjonction Saturne-Neptune (1989 exactement). Réélection de François Mitterrand.

- 1994-1995 : demi-carré. L'année 1994 voit Mitterrand annoncer qu'il ne briguera pas un troisième mandat et sa maladie devient publique. C'est évidemment une page qui se tourne pour le PS, ce qui devient clair avec l'échec de Lionel Jospin à la présidentielle de 1995.

- 1999-2000 : carré. C'est la fin de l'état de grâce pour Lionel Jospin premier ministre. Il est obligé de faire appel à d'anciens mitterrandistes peu appréciés de l'opinion, notamment Jack Lang, pour ressouder le PS. C'est la fin de l'illusion Jospin et le début de sa propre chute.

- 2002 : sesqui-carré. Lionel Jospin essuie un échec cinglant à la présidentielle et s'ouvre une grave crise à l'intérieur du PS sur les causes de ce désastre.

- 2006-2008 : opposition. Divisions croissantes dans le PS à l'approche de la présidentielle, climat glauque à cause du couple Royal-Hollande et finalement crise majeure sinon explosion du PS aujourd'hui.



Il n'y a pas que le cycle Saturne-Neptune qui influence le PS et on trouverait d'autres repères intéressants avec le cycle Jupiter-Neptune (conjonction de 1984 avec Fabius comme premier ministre, ou celle de 1997 avec l'étonnant succès de Lionel Jospin). Mais il semble en tout cas que le PS au plan de sa vie interne soit assez remarquablement bien rythmé par le cycle Saturne-Neptune. Cela ne rend pas compte de tout, c'est vrai, mais cela donne au moins de bien précieuses balises sur les différents avatars de sa vie interne et de son évolution idéologique et programmatique.



Etant donné que l'on est arrivé à l'angle majeur de l'opposition Saturne-Neptune actuellement, et étant donné la déchirure actuelle, on peut donc envisager comme hypothèse possible la scission complète du PS. Et en essayant d'affiner un peu plus, si cela se produit effectivement, la dérive et la disparition à terme du PS-Aubry. On verra bien ce qu'il en advient mais, en tout cas, le repère crucial de l'opposition Saturne-Neptune est bel et bien là. On peut se tromper sur ses conséquences précises, mais la crise actuelle est bel et bien majeure...



Les conséquences de l'explosion du PS



Que le PS explose complètement ou non, sa situation actuelle très critique modifie complètement la donne politique française.



D'une manière ou d'une autre, cela ouvre un boulevard à la droite et, dans une démocratie, ce n'est évidemment pas très sain. Sans plus guère d'opposants crédibles, l'UMP risque fort de se sentir un peu tout permis et, le principal défaut de la droite étant certainement l'arrogance, on peut supposer que cela ne va pas lui manquer dans les mois et années à venir.



Un autre boulevard va également s'ouvrir à la gauche de la gauche, favorisant très probablement le NPA d'Olivier Besancenot. Sa composante principale en sera en effet la LCR, section française de la 4ème Internationale qui, créée le 3 septembre 1938, est surtout sensible au cycle Uranus-Neptune. Or, de 2009 à 2012, ce cycle sera valorisé par un demi-sextile (angle positif de 30°). Les trotskystes vont donc se sentir probablement pousser des ailes, le PCF ayant sombré et le (ou les) PS se trouvant profondément divisé(s).



La démocratie française va s'en trouver sans doute ébranlée, d'autant plus que l'opposition Saturne-Uranus actuelle devrait favoriser dans un premier temps les contestations les plus radicales possibles. Mais un pays, qui risque d'avoir comme pivot un tandem "droite conservatrice-extrême gauche", risque fort de partir dans certaines dérives incontrôlables.



C'est en tout cas un des risques à soulever, d'autant plus que l'opposition Saturne-Uranus actuelle va profondément aviver, de façon générale et pas seulement en France, toutes les contestations les plus extrémistes. Celles-ci devraient échouer comme ce fut toujours le cas historiquement avec une opposition Saturne-Uranus, mais on peut cependant envisager que la joute sera rude et pourrait bien inquiéter sur l'avenir de la démocratie française...



Une prochaine crise pour l'UMP ?



L'UMP, pour conclure, a été créée le 23 avril 2002. Ce n'était sûrement pas la meilleure période pour constituer un parti conservateur, car placé sous une opposition Saturne-Pluton... Si l'on revient en arrière, les perspectives du RPF créé par le Général de Gaulle le 14 avril 1947 étaient bien meilleures car se situant sous une conjonction (angle majeur positif de 0°) des mêmes Saturne et Pluton.



On a déjà vu l'UMP subir plusieurs crises internes en 2005-2006, notamment en raison de l'affrontement Jacques Chirac-Nicolas Sarkozy qui a connu de nombreux rebondissements et créé deux camps retranchés à l'intérieur du parti. Or, c'était en présence d'un sesqui-carré (angle négatif de 135°) Saturne-Pluton...



On va maintenant voir ce que cela va donner sur les prochaines années, alors que se profile de fin 2009 à fin 2010 un très redoutable carré (angle négatif de 90°) entre les deux planètes. Redoutable car, parallèlement, Saturne sera en opposition d'Uranus...



Il s'agira certainement d'une période de crise profonde pour l'UMP et de divisions internes déchirantes, sans doute sur fond de difficultés économiques croissantes à cause de l'opposition Saturne-Uranus mais peut-être aussi de rivalités politiques nouvelles. Si Nicolas Sarkozy a fait taire aujourd'hui tous ses détracteurs ou critiques à l'intérieur de l'UMP, rien ne dit que cette situation va pouvoir résister au prochain carré Saturne-Pluton.
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Re: Les conséquences de l'explosion du Parti Socialiste

Messagepar fertic » Dim 23 11 08 21:40

Jean-Francois Richard a écrit:Il s'agira certainement d'une période de crise profonde pour l'UMP et de divisions internes déchirantes, sans doute sur fond de difficultés économiques croissantes à cause de l'opposition Saturne-Uranus mais peut-être aussi de rivalités politiques nouvelles. Si Nicolas Sarkozy a fait taire aujourd'hui tous ses détracteurs ou critiques à l'intérieur de l'UMP, rien ne dit que cette situation va pouvoir résister au prochain carré Saturne-Pluton.






Décidément, alors apres le pitoyable spectacle que nous offre le PS actuellement ce serait ensuite au tour de la droite !!! :shock:



Petit commentaire, concernant Royale cette femme m'apparait etre de plus en plus une vraie peste, qui ne vend...que du vent et de l'illusion par de grandes et belles pseudos paroles. C'est en tout cas comme cela que je le ressens.



Toutefois, JFR, j'ai lu avec grand intéret et reflexion ton post. Merci. :wink:
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Messagepar Jean-Francois Richard » Lun 08 12 08 15:19

Bjr,



Nous avons souligné que le PS français était au bout d'un cycle (d'une opposition Saturne-Neptune en 1971-1974 à la dernière de 2006-2008).



Mélanchon a quitté le PS pour créer un nouveau parti plus à gauche que le PS. La bureaucrate par excellence Martine Aubry a refermé la porte du PS au nez des Royalistes et le parti apparaît ainsi coupé en 2. La question qui se pose pour Ségolène Royal est donc de créer un autre parti de gauche. Le fera-t-elle ? Aucune indication ne va pour le moment dans ce sens, mais on peut être sûr que la question est âprement discuté dans son entourage.



Les élections européennes du printemps prochain pourraient constituer pour le PS l'élément clé de son explosion "éventuelle". Le clan Aubry se comportera avec la même froideur que pour la direction du PS et on peut évidemment penser que la place accordée aux Royallistes sera des plus limitée. Cela pourrait entraîner des candidatures dissidentes et, peut-être, l'explosion finale du PS.



Pour le moment, le seul ciment au PS est celui des "bonnes places" qu'il faut absolument préserver. Deux partis de gauche auraient évidemment beaucoup moins de "bonnes places" et aux Européennes les résultats pourraeint être catastrophiques sur ce plan... Mais la dynamique scissionniste est telle actuellement, que ce ciment bureaucratique est déjà bien fissuré.



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Messagepar Geneviève » Mar 09 12 08 14:19

:wink: L'UMP est deja plus fissuré que vous le croyez. A lire :



http://www.rue89.com/2008/12/08/lump-ne ... ent-589191



Bien sur ce n'est pas aux journaux de 20h que vous entendrez cela

ni aucune télé aussi..attendre le canard de demain! surement! :wink:

Le carré commence a se mettre en place! ne pas douter, surtout aprés

l'arrivée de X.Bertrand a la (sous) tête de l'Ump! IL n'est pas aimé

du tout! bref, comme je le disais, a droite comme a gauche c'est PETIT!
"Qu'est-ce que je serais Heureux

si j'étais Heureux" W Allen



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