L'ISF français réservé aux classes moyennes !
Le gouvernement français est en train de faire adopter à l'Assemblée Nationale sa réforme de l'ISF (Impôt Sur la Fortune), seul impôt sur le patrimoine de cette nature, c'est à dire confiscatoire, qui existe dans les pays de l'OCDE. Mais surprise... Le grand public vient d'apprendre qu'il ne fallait surtout pas que les oeuvres d'art soient taxées par cet impôt ! Le marché de l'art n'y survivrait pas, ont clamé d'un même cri du coeur le président de la République et son Premier ministre...
Résumons donc la situation : les plus grandes fortunes de France, les seules évidemment à pouvoir se permettre une âme de collectionneuses de peintures, sculptures et Ferrari antiques, se voient favorisées par rapport aux classes moyennes ou moyennes-supérieures ! Ces dernières ne peuvent en effet s'offrir le luxe de collectionner de coûteuses babioles : elles n'en ont tout simplement pas les moyens...
La réforme de l'ISF montre ainsi tout l'imbécilité et la perversité de cet impôt : il est réservé aux classes moyennes ! Elles seules doivent le payer sur la totalité de leur patrimoine, du premier au dernier euro comptabilisé...
Les dirigeants d'entreprises, seul lieu de création de richesses, en sont exonérés... Les héritiers paresseux et arrogants, dont la famille Bettencourt donne chaque jour de nouveaux exemples, en sont partiellement exonérés pour ne pas "ruiner le marché de l'art"... Il ne reste donc plus, pour payer cet impôt sur la "richesse" ou la "fortune", que celui qui est trop riche pour ne pas payer d'impôts du tout et trop pauvre pour s'offrir les moyens de ne pas payer ce qu'il devrait.
Même si cet impôt soviétique va être un peu allégé par la réforme, on mesure ainsi à quel point la classe politique française est en parfait déphasage avec les préoccupations de la population. Et à quel point elle peut s'enferrer dans un clientélisme qui ne peut que susciter un écoeurement général... Tout le monde aura en effet bien compris quels intérêts ont été représentés au travers de la "défense du marché de l'art".
Il n'est sans doute pas anodin de voir que, sur ce mois de juin, le carré Saturne-Pluton, relié au carré bien plus méchant encore Uranus-Pluton, est à l'apogée de son influence délétère sur les partis conservateurs, surtout ceux qui sont au pouvoir. Et en particulier l'UMP française, qui a déjà explosé avec le départ de Villepin puis de Borloo et des centristes. Sans oublier une série jamais vue de scandales politico-financiers ou maintenant sexuels, qui conduisent en moyenne un ministre à démissionner tous les mois depuis plus d'un an !
Mais il y a pire que cet épisode inattendu sur la sauvegarde du marché de l'art français.... On a récemment appris qu'il y avait 12 milliardaires français (en dollars) contre 400 aux Etats-Unis ou en Chine. C'est peu... Rapporté à la population américaine, il devrait au moins y avoir une soixantaine de milliardaires français. C'est d'autant plus faible en fait, qu'ils sont beaucoup plus âgés qu'ailleurs et globalement d'une vingtaine d'années, ce qui n'est pas rien... Et que, de surcroît, ils ont hérité leur fortune alors qu'elles ont le plus souvent été bâties directement par les milliardaires américains, chinois, indiens, etc.
Bien sûr, on pourrait se moquer éperdument du nombre de milliardaires par pays. Mais ce serait une erreur... Car il s'agit d'un indicateur économique parmi d'autres et qu'il a lui aussi son importance. En France, on n'est plus capable de bâtir des fortunes, voilà la conclusion ! Et c'est en parfaite adéquation avec un pays qui croule sous les dettes et les déficits depuis 40 ans, qui a un niveau structurel de chômage le plus élevé de l'OCDE sur la période et détient aussi le record mondial des prélèvements obligatoires et du nombre d'agents publics par rapport à sa population.
A lui tout seul, l'ISF est pour beaucoup dans l'espèce en voie de disparition que sont les milliardaires... Cela montre, au bout du compte, qu'à force de vouloir détruire la richesse et la prospérité, la France y est arrivée ! Cela rend d'autant plus risibles les plaidoiries du président et du Premier ministre pour "sauver" le marché de l'art national...
Le 8 juin 2011