Bonjour à tous.
Pour distribuer de la honte avec cette prodigalité-là , Macron doit en avoir plein le buffet à son pépère. Il doit la collectionner sans doute, une habitude de gauche paraît-il. La honte, selon les ethnologues du principe, n'est pas une chose que l'on distribue mais qu'on ressent, Macron, lui, ne la ressent pas, les ors du palais servent d'antidote, ils sont recommandés d'ailleurs pour ça.
Pas de violences en République, a-t-il dit, le Président; il n'a pas dit en démocratie, ce qui signifie qu'il reste lucide bien que, du haut de sa chaire, il ait la tête toute nimbée de ses oraisons.
L'étalon journalistique mesure le gilet jaune à l'aune d'un matraquage fiscal hautain, mais en fait le gilet jaune-phare, par sa couleur-même, dit seulement "j'existe, je suis là ". Il dit, grâce à sa sape de route, tout ce que le système monarchique de la Ve République, lui interdit d'exprimer, à savoir : "j'existe, je suis là " et il ajoute, pour la circonstance, "arrête de me rouler dessus".
La place du citoyen n'est actuellement nulle part sauf dans ce gilet, car nulle part ailleurs il n'est entendu. Dans une démocratie, il en irait autrement, mais le système de représentation national actuel, qui fait si bien l'affaire de tous les estomacs de nos élus, n'est qu'une captation de pouvoir et non pas une représentation, car dans la représentation, le maître de maison peut à tout instant dire stop et arrêter le mouvement, le réorienter. Quel citoyen a ce pouvoir ? Le citoyen, à cet égard est un néant. Ce n'est pas une démocratie où il vit, c'est une tutorocratie, où les élus lui servent de papas et de mamans.
Dans notre monarchie constitutionnelle, que les plus audacieux appellent "République", le citoyen est considéré comme taré de naissance, incapable de ces bons choix qui font si bien la splendeur de l'état de la France actuelle, qu'on s'étonnerait d'y voir, où que ce soit, la marque de sa signature. De somptueux idiots en costumes de penseurs dénoncent d'ailleurs la déplorable pratique, du référendum; ils y voient tout ce que le citoyen pourrait faire sur sa propre existence, existence de taré bien sûr, et ces penseurs-là sont très soucieux du bien-être du citoyen, d'abord parce qu'il est taré et ensuite parce que comme tel, il est citoyen.
Ont-ils tort, ces penseurs à florilèges de compétences ? Avec les maurassiens, on peut être maurassiens même à gauche, surtout d'ailleurs; avec les maurassiens, ils pensent, c'est le travail du penseur, qu'on peut se tromper en étant majoritaire. C'est une belle pensée, ils l'ont, c'est beau. On peut se tromper en étant majoritaire, c'est vrai, c'est triste; mais, comment sortir de la tristesse, on peut aussi se tromper en étant minoritaire. Voilà le drame, on peut toujours se tromper.
Aussi tant qu'à se tromper autant se tromper sur ses propres affaires; or, nos penseurs que le moindre référendum dégoûte, n'acceptent de se tromper que sur les affaires des autres, autant dire celles du citoyen. Et le citoyen, lui, peut-il se tromper sur ses propres affaires ? Bien évidemment non sur le courant de sa vie, puisque comme tout être vivant, c'est là où est sa grande intelligence, il s'éloigne du feu sitôt qu'il sent du roussi à son costume. Les politiques font d'ailleurs de même pour leur propre compte, là il n'y a pas de différence, l'intelligence est semblable.
La reconnaissance d'une intelligence semblable ne fait pas l'affaire du "représentant", ça lui donne le sentiment d'être un moins que rien, d'être un simple citoyen, un néant; c'est une épreuve trop cruelle pour un élu, c'est vraiment très dur, c'est trop; aussi il lui faut, sauf à risquer l'asphyxie, s'éloigner du tout venant, se pincer le nez à la simple idée de démocratie. Le citoyen en a bien assez avec des élections tous les cinq ans, bâties sur mesure pour l'édification de la carrière des élus, c'est le fameux pacte républicain, oui, bien assez.
Si on demande l'avis du citoyen, si on organise un référendum, il se trompe de jeu, il répond à côté de la plaque, le citoyen, il ne s'attarde qu'à virer un gouvernement plutôt qu'à régler le problème du jour, donc on ne peut pas lui faire confiance, d'autant que c'est un crétin qui se trompe toujours quand il ne répond pas comme voudrait le pouvoir en place. C'est ce qu'il faut retenir, fondamentalement il se trompe... pas du tout comme un politique, comme un "représentant" qui lui ne se trompe jamais. Ca fait une sacrée différence quand même.
Une sacrée différence... En fait pas du tout. Le représentant qui n'en finit pas de se tromper, rectifie en permanence, de manière à conduire le pays là où il est, région fleurie; le pouvoir de rectification permanente, il se l'accorde et lui trouve un caractère des plus naturels, mais pour le citoyen... niet, nichte, peau de zob, que dalle. Pourquoi cette différence ontologique, le citoyen est et doit rester ce qu'il est: un néant.
Et c'est bien sûr là la ligne de démarcation entre une démocratie et cette escroquerie républicaine qu'on nous sert sous le nom de démocratie : le statut vital du citoyen. L'escroquerie se distingue à son citoyen mort, congelé, réanimé tous les cinq ans pour l'édification des carrières des "représentants". *
La démocratie, quant à elle, si elle ne se passe pas de la représentation nécessaire, elle la jugule le cas échéant par la souveraineté du citoyen, c'est-à -dire de cet être vivant qui fonde sa vie publique en votant couramment, c'est là l'essentiel couramment, non pas pour des gens, mais pour des choses, et dont l'erreur possible n'a pas d'autre gravité que de pouvoir sous l'échéance la plus brève se voir corriger, ce que fait d'ordinaire n'importe quel gouvernement.
Et ce système existe, c'est le système suisse. Mais il est vrai que la Suisse est une démocratie, quel autre pays d'Europe ?... On ne le voit pas, quant à la France, à cet égard, elle fait pitié. Et c'est peut-être de cette pitié-là que la honte répond à la honte, celle du citoyen à celle de Macron, qui a voulu voir dans l'apparition des gilets de route l'organisation d'une partie de nain jaune.
https://www.huffingtonpost.fr/2018/11/2 ... _23599408/
Johnny John