Bonjour à tous.
On annonçait pour hier un débat entre un philosophe et Zemmour. J'ai donc regardé afin de voir la philosophie trôner par nature sur un Eric le Terrible forcément loin de Socrate, et j'ai vu un constipé de la tronche monumental en guise d'énonciateur de vérités profondes.
Faut se méfier de la philosophie, elle tire les traits dans le mauvais sens, Pena-Ruiz n'a jamais réussi à quitter sa fronçure sourcilière fermée sur son visage comme le port d'un signe religieux au défi de la laïcité.
Ignace de Loyola lui est sorti de la bouche comme un incendie menaçant, que son évocation mettait nécessairement en parallèle avec l'extension manifestée de la présence de l'islam en France, toutes choses domestiquées au social par la subtile intelligence de la laïcité, celle qui, à tout le moins, sert à faire des livres.
Hier comme aujourd'hui et demain comme hier, Pena-Ruiz est confiant, les hussards noirs sont là , ou là , ou là , enfin quelque part, discrets, mais là . Pena-Ruiz est confiant. La France, à peine sortie de ses archaïsmes religieux personnels, y replonge à travers une autre civilisation, Pena-Ruiz est confiant, ne disposons-nous pas de milliers d'années à refaire indéfiniment les mêmes choses ?
Pauvres cloches de France, nous serions des ethnos-centrés, les Français une ethnie. Il ne reste plus qu'à le prouver, Pena-Ruiz est là .
Avec la philo, les mathématiques, selon le philosophe, le vecteur civilisationnel du Maghreb se monterait à 6 millions d'individus, 10 % de la population française, c'est un ratio, un ratio court, pas de danger de grand remplacement, d'autant qu'il n'y a aucune concentration de cette population dans l'espace général de la population d'ensemble, et que les chiffres sont stables c'est bien connu.
Et comme les ratios intéressent la philosophie, les statistiques ethniques, ethnocentrisme ou décentrisme obligent, sont donc infiniment souhaitables pour déjouer l'affreux discours de Zemmour, elles révèleraient assurément combien le si faible ratio initial resterait aussi plat en matière de population carcérale et d'insécurité générale dans notre belle société laïque. Les pouvoirs publics devraient enfin donner raison à Pena-Ruiz et fournir des statistiques ethniques. C'est bien les statistiques ethniques, ça permet de voir clair, d'autant qu'il n'y a pas de philosophie possible sans clarté dans les idées. Des ratios, des ratios, des ratios, du vrai pas de l'imaginaire, de la philo en somme, des ratios.
Mais il n'y a pas que la philo dans la vie, la civilité aussi ça compte, demander d'oser poser un instant son voile à une femme qui vient de mettre défi un homme de retirer son serre-col à rallonge est d'une ignominie absolue, Pena-Ruiz à l'oeil pour ça, et lui dire qu'ainsi débarrassée de sa toile de crins elle manifeste dans l'espace public, par la neutralité relative à une ostentation religieuse que refuse son voile, l'idée de laïcité, dont la limite penaruizienne s'arrête à l'administration publique, c'est de la dernière incivilité, d'une abjection absolue. Avec Pena-Ruiz, ça passe pas ce genre de truc. Putain ! Quelle audace ce Zemmour !
Est-ce que ça lui viendrait à l'esprit, à ce Zemmour, de demander à un cureton ou à une nonne de retirer leurs fringues de travail ? Non, alors pourquoi à une meuf dans la rue ? Peut-être parce qu'elle n'est pas dans les ordres, peut-être parce n'étant pas dans les ordres elle est dans le séculier et que le mélange du séculier et de l'ordre religieux lui semble aller contre la laïcité. Peut-être aussi, sûrement d'ailleurs, parce qu'il n'a pas réussi à trouver un homme à qui faire cette demande, Pena-Ruiz n'était pas là , ni Pena-Ruiz ni aucun homme, et pourquoi donc une telle absence, il aurait eu forte affaire Zemmour si... le voile était autre chose qu'un signe d'asservissement de la femme à l'homme, un signe tribal, que l'ethnocentrisme français considère comme avilissant pour la simple raison que les hommes qui prétendent le justifier par recours au symbolisme religieux le désertent aussi vigoureusement qu'ils exigent de leurs femmes de s'en vêtir.
Mais Pena-Ruiz n'entre pas dans ces détails, ce n'est qu'un philosophe, il ne se pose qu'une catégorie de questions, les questions pantoufle. Toutefois si les pantoufles lui vont bien, il sait prendre à l'occasion des palmes pour nager dans les grands océans des idées républicaines en sortant par la porte de derrière pour quitter l'ethnocentrisme français et revenir par celle de devant avec un creuset français où il nous fait admirer une communauté de citoyens et de citoyennes qui se donnent leurs propres lois.
Il termine donc sur une bonne note, plus souriante que sa devanture habituelle, une note fausse bien sûr, mais bonne, ce qui est l'essentiel pour lui, et le deviendra sûrement d'une manière plus étendue le jour où effectivement les citoyens se donneront leurs propres lois, c'est-à -dire s'inscriront dans un régime où ils pourront contrôler les productions de la représentation nationale par la voie du RIC, en dehors de quoi, la démocratie n'existe tout simplement pas. Mais est-ce bien important pour la philosophie ?
https://www.marianne.net/agora/tribunes ... ocentristeJohnny John
La gravité est le bonheur des imbéciles et la nécessité des religions. (Montesquieu et autre)