Comment la Grèce peut-elle s'en sortir ?
Nous l'avons déjà écrit au début de la faillite grecque il y a plus d'un an
: la Grèce ne peut pas s'en sortir, c'est trop tard, il ne fallait pas
accumuler autant de dépenses publiques et clientélistes... Les faits ont
donné raison à cette analyse. La Grèce tombe de charybde en scylla et le
fond du trou est encore bien éloigné... Le ministre grec des Finances a beau
"rejetter" la nouvelle dégradation de la dette par l'agence Standard & Poors,
on mesure à quel point cela est à présent infantile : cela caricature en fait la
mentalité d'assisté de l'Europe que la Grèce joue depuis son intégration... Et
à présent, elle pleurniche devant la dureté des temps : il fallait y penser avant !
A présent, comment la situation peut-elle évoluer sur les prochains mois ou
prochaines années ? C'est d'autant plus intéressant d'examiner la question,
que ce cela va en fait concerner tous les pays surendettés de l'Union
européenne, au moins les plus fragiles ou les plus périphériques dans un
premier temps.
La Grèce n'a plus aucune "bonne solution", elles sont désormais toutes
mauvaises. Mais la moins pire, du point de vue de ce pays, est à notre avis
la suivante à plus ou moins long terme :
- Sortie de la zone euro et retour à une drachme qui serait alors dévaluée
entre -30 et - 50% par rapport à l'euro.
- Restructuration de la dette en allongeant les maturités et en réduisant
par exemple les remboursements de 100 Ã 60 ou 50% ou plus bas encore.
Voilà ... Sur le seul plan des finances publiques grecques, c'est l'
unique moyen. Il permettrait en effet de réduire d'un coup la dette grecque
de l'ordre de 40, 50 ou même 60% ou même plus. Les créanciers seraient
évidemment spoliés et pris en otages, mais c'est toujours la conséquence
inéluctable de la faillite d'un Etat.
On va nous objecter que la Grèce n'a pas intérêt à quitter la zone euro, car
sa dette est... libellée en euros. Autrement dit, son remboursement
coûterait plus cher si elle revenait à une drachme dévaluée. Nous avons
nous-même retenu jusqu'ici cet argument... Mais il est parfaitement imbécile
! Si la Grèce restructure sa dette, qui pourrait l'empêcher d'inclure une
clause indiquant que les remboursements se feront à raison d'un euro = une
drachme ? Personne... Par conséquent, c'est à l'évidence ce que ferait la
Grèce ! Ajoutons simplement que le plan européen et du FMI d'aide à la Grèce
s'étale sur trois ans, c'est à dire jusqu'en 2012 inclus. La sortie de la zone
euro, dans ces conditions, ne se ferait vraisemblablement qu'une fois
touchées toutes les subventions du contribuable européen... On
va adorer les Grecs en Europe !
Mais soulignons aussi que les experts de la BCE ne peuvent ignorer cette situation.
Cela revient à dire que Bruxelles, dans toutes ses composantes, se moque
du contribuable européen : il ne sera jamais remboursé, on le sait mais on
Masque cette vérité désormais d'évidence.
Revenons à la Grèce... Que donnerait une telle restructuration "globale" ?
A notre avis, deux conséquences positives en premier lieu :
- Une dette publique qui fondrait d'emblée environ de moitié (voire
davantage) et deviendrait alors un peu plus gérable. En tout cas, elle
cesserait d'étrangler le pays sur le court terme.
- Une relance économique dans le secteur des exportations comme du tourisme,
en raison d'un avantage tiré de la dévaluation de la monnaie.
Et deux conséquences négatives par ailleurs :
- Une hyperinflation immédiate (à 30 ou 40% l'an sans doute), en raison du
coût des produits importés notamment.
- Un abaissement drastique du niveau de vie à cause du retour à une monnaie
dévaluée et d'une énorme inflation. C'est l'appauvrissement généralisé...
- La poursuite de la hausse des taux d'intérêts et l'impossibilité de
continuer à s'endetter en raison de la perte de toute crédibilité sur les
marchés financiers et d'une défiance internationale totale. Une récession
accentuée suivrait évidemment, accentuant l'appauvrissement général.
La crise grecque serait donc loin d'être finie... Mais c'est probablement la
seule solution pour ce pays, car cela ferait d'emblée fondre une grande
partie de la dette; et l'hyperinflation, qui suivrait aussitôt,
contribuerait également à réduire fortement le solde de cette dette. Par
ailleurs, cette inflation peut aussi permettre de réduire plus facilement
les déficits annuels en jouant sur une plus faible revalorisation des
salaires publics comme privés.
Bien entendu, une telle situation mènerait à un appauvrissement majeur de
l'ensemble du pays. Mais on peut se dire que, de toute façon, cette
évolution est inévitable et déjà en cours. A Athènes, près de 40% des
commerces ont déjà fermé... Sur ce plan, ce serait seulement
un peu plus rapide sans doute. Au bout du compte, cela pourrait mener Ã
adapter les dépenses de l'Etat grec à peu près à ses moyens réels.
L'économie pourrait sans doute repartir ensuite, mais... pas avant une
dizaine d 'années très probablement, le temps de tout purger à tous les
niveaux.
Il y aura aussi des bouleversement probables au plan politique et le retour
à un régime autoritaire ou une vraie dictature militaire apparaît probable.
Les tensions sociales ne feront en effet que s'exacerber davantage et elles
conduiront à une paralysie complète du pays. C'est déjà en grande partie le
cas depuis 2 ans ! La seule issue passera donc très probablement par une
dictature, sous une forme ou sous une autre et probablement nationaliste
(pour assumer notamment la rupture de fait avec l'Union européenne).
Une telle évolution pourrait déjà commencer à s'amorcer au cours des
prochaines semaines, en raison de nos mauvais indicateurs
(Jupiter-Saturne-Uranus-Pluton) déjà mentionnés d'ici l'été. Si ce n'est pas
le cas, il y a de bonnes chances que cela débute en 2012 avec l'installation
du grand carré Uranus-Pluton, qui conduit tout autant aux dettes ingérables
au plan économique qu'aux coups d'Etat, assassinats politiques et prises
de pouvoir par des partis populistes ou des dictatures militaires.
Si une telle évolution se concrétisait, quelles en seraient les conséquences
au plan international et européen ?
Il s'agirait bien entendu d'un immense coup de tonnerre ! L'Union
européenne, qui a largement contribué à un prêt de 110 milliards d'euros
pour essayer vainement de sauver la Grèce, en sortirait profondément
ébranlée. D'autant plus que, si la Grèce quittait la zone euro (après avoir
déjà bénéficié de l'énorme manne financière des fonds structurels en intégrant
la construction européenne...), cela inciterait le Portugal et l'Irlande à envisager
la même chose pour les mêmes raisons et avec les mêmes moyens...
En résultante immédiate, il s'agirait d'un immense gâchis financier, dont le
premier perdant serait le contribuable européen : près de 300 milliards
d'euros au total auraient été dilapidés ou devenus "monnaie de singe" avec
ces trois pays... Et qui peut dire que cela s'arrêterait là ? L'Espagne,
l'Italie et la Belgique sont ensuite bien placées sur la liste des pays au
bord de la faillite... Sans parler ensuite du morceau encore plus gros que
représente évidemment la France...
Une telle situation conduirait inéluctablement à une hausse sans doute
considérable et rapide des taux d'intérêts dans toute l'Europe. Y compris en
Allemagne, bien entendu, pays qui est aussi très endetté, quoi que l'on dise...
Le marché étant mondial, nul doute que cela n'affecte aussi la Grande-Bretagne
et les Etats-Unis. Bref, tout le monde occidental, qui cumule toutes les dettes de
la planète, trinquerait profondément !
Le secteur bancaire serait aux premières loges de cette Bérézina, puisque
c'est lui qui détient par des biais divers les dettes souveraines des pays
occidentaux. En résultante, l'addition serait présentée d'une façon ou d'une
autre aux épargnants... Avec un effet récessionniste évident, puisque
l'épargne est le seul moteur de l'investissement, donc des créations
d'entreprises et des emplois, etc.
Pour conclure, la restructuration de la seule dette grecque ouvrirait la
porte à l'émergence d'un séisme économique et politique mondial ! L'Union
européenne serait obligée de se restructurer complètement pour essayer au
moins de sauver les meubles et sans doute réduire ses ambitions sur une petite
zone euro. Etc.
Arrêtons là le feuilleton économique et politique... Ce n'est qu'une
esquisse prévisionnelle, dont le point de départ est d'une part la situation
actuelle au plan de la crise des déficits et d'autre part l'analyse de
l'évolution des configurations planétaires sur les prochains mois et surtout
les prochaines années. Cela ne remet pas en question l'actuelle embellie
économique, qui devrait durer jusqu'en 2012... Mais c'est de notre point de
vue une simple trouée de ciel bleu qui ne va pas durer au-delà de 2012, car
la crise est beaucoup plus profonde et enracinée. Et elle va achopper sur les
dettes accumulées de façon si irresponsables depuis tant de décennies... A
cet égard, la Grèce nous indique le chemin que nous allons tous connaître !
Aujourd'hui, le maillon le plus faible est encore et toujours la
Grèce... La bureaucratie bruxellois pensait la sauver ? Pas du tout, elle a
à peine retardé l'explosion inévitable de quelques mois, au mieux d'un ou
deux ans. Et elle aura en fait aggravé le problème, ne serait-ce qu'en
dilapidant avec le FMI des centaines de milliards d'euros pour, en fait, ne
permettre aux dettes que de gonfler encore et toujorus... Voilà le seul
résultat de ce clientélisme politique au sommet, c'est la dernière conclusion
à tirer de la situation et c'est tout à fait conforme, historiquement, au grand
conflit Uranus-Pluton encore en phase de montée en puissance : révéler toute
l'étendue de la corruption politique sous ses différentes formes en en
présentant l'addition.
Le 7 mai 2011[/b]