Place à la jeunesse !
Depuis 2008, la planète vit au rythme évolutif d'une opposition Saturne-Uranus, dont les effets les plus "directs" ne commenceront à disparaître qu'à partir de 2012 avec l'installation d'une autre période.
En en restant à l'essentiel, une telle configuration est historiquement synonyme de crises bancaires (on l'a bien vu pendant l'automne 2008, et de quelle façon !), de récessions (on en a eu une en 2008-2009 !) et de contestations sociales et politiques toujours radicales et souvent violentes... Sur ce dernier plan, il y a eu des grèves et des contestations (Grèce, Irlande, Espagne, Italie, Portugal, Islande, Chine, Roumanie et autres pays de l'Est ou baltes, France un peu dans le privé, Guadeloupe et les éternels râleurs du secteur public...
A notre avis, il manquait cependant un élément majeur qui est en train de seulement apparaître : la jeunesse ! Sous une opposition Saturne-Uranus, on voit généralement la jeunesse émerger comme une force de contestation de premier plan. Deux exemples historiques : les "années folles" de la décennie 1920, la jeunesse exprimant sa soif de vivre et de liberté après le carnage de la grande guerre; l'année 1968 dans le monde (et pas seulement en France), la jeunesse rejetant l'autoritarisme politique et le conformisme social petit-bourgeois qui avaient suivi les traumatismes et les privations de la seconde guerre mondiale.
Absente de la scène politique depuis l'apparition de l'opposition Saturne-Uranus en 2008, la jeunesse est en train de se rattraper : les grèves et les manifestations se succèdent désormais en Italie, en Grèce (c'est déjà le cas depuis 2008), en Grande-Bretagne et dans différents pays à travers le monde. Un symbole : la grève et les manifestations aujourd'hui à Londres contre la hausse démentielle des droits d'inscription universitaires en Grande-Bretagne. Plafonnés à 3.000 euros, cela va doubler sur les prochaines années et cela pourrait aller jusqu'à tripler. Mesure évidemment imbécile qui ruine l'avenir de nombreux jeunes et compromet le dynamisme même du pays... Certes, le gouvernement de David Cameron a bien raison de vouloir réduire radicalement le déficit public. Mais cette mesure là est parfaitement stupide et mérite d'être remplacée par une autre. Comment ne pas voir qu'elle va exclure d'une formation supérieure des centaines de milliers de jeunes sur les prochaines années ?
Bref... La jeunesse se retrouve aux avants-postes de la contestation en Grande-Bretagne et on peut sans doute parier que cela ne constitue qu'un avant-goût d'une année 2011 probablement chaude, chaude, chaude... Et pas seulement en Grande-Bretagne, bien évidemment ! Sur les deux prochaines années probablement, la jeunesse mondiale devrait ainsi se mettre en branle et contester le sort effectivement peu enviable qui lui est aujourd'hui réservé : chômage, hausse générale des prix et des services comme de la fiscalité et des réglementations, limitations des libertés individuelles et collectives, tracasseries en tous genre... Bref, une situation aux antipodes des aspirations naturelles de la jeunesse qui a un besoin fondamental de rêver et notamment de rêver qu'elle peut changer le monde. Là , c'est un mur devant lequel la jeunesse se heurte !
Cette contestation, selon les exemples historiques qui nous sont fournis, a nécessairement un caractère politique marqué "à gauche". Mais il s'agit d'un penchant à gauche bien particulier, dans la mesure où il se heurte pour l'essentiel au conservatisme de la société elle-même et de ses élites politiques. La ligne de clivage entre "gauche" et "droite" n'est donc pas exactement celle qui prévaut dans les alternances politiques des démocraties. La jeunesse a besoin d'horizons plus larges...
Bien entendu, la jeunesse sera déçue. Comme elle l'a été dans les années 1920 ou après 1968 : ce n'est pas dans la nature des oppositions Saturne-Uranus de permettre les révolutions, sociales ou politiques ! Au contraire, ce type de configuration planétaire provoque un repli sur soi pour faire face à l'adversité et la jeunesse se retrouve alors isolée du reste de la société. Ce fut le cas, bien entendu, des jeunes femmes émancipées mais rejetées des années 1920 ou des communistes mis à l'index après l'échec des extensions de la révolution bolchevique en Russie; comme des hippies ou des gauchistes de la fin des années 1960... Les contestations diverses que provoquent les oppositions Saturne-Uranus, pour si souvent historiques qu'elles soient, comme en 1830 par exemple avec le "printemps des peuples" en Europe, ne mènent à rien de constructif et échouent généralement assez vite. Un bon exemple : la disparition aussi rapide que leur apparition des communautés hippies aux Etats-Unis dés le début des années 1970.
Cela ne veut pourtant pas dire qu'il ne reste rien de ces mouvements de la jeunesse, qu'ils ne représentent rien et qu'il faudrait les traiter avec mépris. Il faut être aussi ringard que le président Sarkozy pour rejeter d'un bloc le mai 1968 français, ou si médiocre comme le ministre François Barouin à se vanter de l'avoir passé au lit. Mieux valait assurément être dans peau d'un Daniel Cohn-Bendit qui, au moins, a vécu des semaines exaltantes à défaut d'avoir changé le monde ! Et on peut se souvenir de ces étudiants à Pragues, qui faisaient de colère le salut hitlérien devant les chars d'invasion soviétiques pendant le même été. Il n'en resterait donc rien ? Oh que si...
D'ailleurs, ces grandes périodes où la jeunesse se rebelle contre ses aînés marquent généralement profondément une époque. Les exemples historiques sont divers en la matière et il faut éviter de généraliser de façon trop unilatérale. Pour ne reprendre que les deux dernières oppositions Saturne-Uranus, on peut cependant observer qu'elles ont toutes deux eu un impact non immédiat mais qui en revanche a profondément transformé les sociétés modernes à plus long terme. Des années 1920, on peut surtout retenir les prémisses de l'émancipation de la femme et la véritable révolution culturelle dans les modes de vie, les arts et la culture. De leur côté, la fin des années 1960 a finalement permis un essor des libertés individuelles et collectives qui s'est progressivement distillé dans l'ensemble des sociétés modernes et favorisant notamment et une nouvelle fois les femmes. Et que dire de la révolution musicale, menée par les Beatles ou les Rolling Stones, toujours sans égale quarante ans plus tard... Certains pays en ont été tellement marqués, qu'il y a eu avant et après 1968 : c'est le cas de la France.
Bien sûr, on ne saurait tout résumer avec les seules conséquences d'une seule configuration planétaire. Ce serait un parti pris trop restrictif. Nous voulons simplement souligner ici que les "errements" apparents de la jeunesse sous une telle configuration produisent également, à plus long terme, des ferments beaucoup plus constructifs. Dans l'immédiat, ce sera sans nul doute excessif, insurrectionnel en quelque sorte et parfaitement destructeur ou nihiliste. A plus long terme, il y a aura sans doute un levain plus prometteur, même si l'ensemble de la décennie 2010 n'est pas vraiment favorable pour faire éclore des changements de société bien positifs. C'est peut-être la différence avec les années 1920 et 1960, qui avaient mené à une reprise ou une accentuation de la croissance économique. Mais on ne devrait pas assister à cela sur la décennie 2010 et, dans ces conditions, la contestation de la jeunesse aura bien du mal à déboucher ultérieurement sur des éléments constructifs. On ne pourra cependant en juger que dans quelques années... Dans l'immédiat, place à la jeunesse et à ses excès naturels.
Le 9 décembre 2010