La grande crise de la dette (2010-2020)

Discussions sur les différents sujets d'actualité.

Messagepar Christophe » Lun 28 05 12 18:38

L’Union européenne aujourd’hui n’a pas de constitution au sens démocratique et libéral du terme, faute de consentement populaire.

S’il ne s’agissait que de masquer le passage en force du Traité de Lisbonne, il faut remarquer que l’Union européenne entend rompre définitivement avec le cadre démocratique libéral reposant sur la volonté populaire exprimée dans le suffrage.

http://www.lalettrevolee.net/article-en ... 10398.html
Christophe
 
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Messagepar zack » Mer 30 05 12 08:36

Les bandits de la finance | Valeurs Actuelles
www.valeursactuelles.com/dossier.../ban ... 11124.ht...
24 nov. 2011 – Parce qu'ils ruinent la confiance, ils sont les pires ennemis du capitalisme. Une équipe coordonnée par Xavier Raufer dévoile dans un livre ...
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Messagepar Christophe » Mer 30 05 12 18:59

Cité avec la permission de Joseph Leddet, ami et mentor depuis longtemps.

http://www.joseph-leddet.com/

Paris, mardi 29 mai 2012

Une solution radicale pour résoudre la crise européenne : faire appel à la BCE comme arme d’intervention massive…

Rappel des faits

Lancé début janvier 1999 sur les fonts baptismaux monétaires, l’euro s’est révélé d’emblée un formidable succès pour l’Union européenne, sans doute même sa plus importante réalisation depuis la signature du Traité de Rome en mars 1957.

Rappelons en effet que, en dépit d’un démarrage quelque peu chaotique (émis en janvier 1999 à 1.19 dollar, l’euro sombrait vers 82 cents dès octobre 2000), l’intervention concertée des grandes banques centrales avait alors permis de le remettre à flot, pour atteindre par la suite un double pic à 1.60 dollar en février puis en juillet 2008 ; et depuis quatre ans (2008/2012), en plein coeur de la crise financière mondiale et notamment européenne, il conserve son rang face à la devise US, avec juste un petit repli ces derniers temps vers 1.25 dollar, sachant que l’on estime sa « parité de pouvoir d’achat » - c'est-à-dire sa « vraie valeur économique » - autour de 1.10 dollar (soit encore 10% de moins que son cours actuel).

La monnaie unique reste ainsi bien soutenue au milieu du champ de ruines des dettes publiques de l’Europe, et de l’écroulement potentiel de son secteur bancaire (cf. mésaventures récentes de Bankia, Dexia ou Crédit Agricole …).

La Banque Centrale Européenne, plus puissante banque centrale au monde.

En termes de masse monétaire, la zone « euro » représente aujourd’hui la première accumulation mondiale au sens de l’agrégat M3 (pièces et billets, comptes à vue ou à terme, SICAV monétaires…), de l’ordre de 10 000 milliards d’euros, taillant ainsi des croupières au dollar, et aussi au yen dont la plupart des gens ignorent qu’il occupait jusque récemment la plus haute marche du podium des devises, en total de poids en cash ; en outre, dès son intronisation, l’euro s’est immédiatement révélé comme première devise mondiale en termes d’émissions obligataires, publiques comme privées.

Enfin, devise officielle des 17 Etats de la zone « euro », la monnaie unique a de fait cours officieux dans plusieurs dizaines d’autres pays du monde, notamment en Europe de l’Est (Russie incluse), en Afrique du Nord, en Afrique noire, au Moyen- Orient, en Asie ou en Amérique Latine.

Et la Banque Centrale Européenne, grand argentier de l’euro, est ainsi devenue de facto en moins de dix ans la plus puissante banque centrale du monde !

La Banque Centrale Européenne, un bolide qui reste cloué au garage!

Fait paradoxal : du fait à la fois des statuts limitatifs du Traité européen, de l’intransigeance des pouvoirs publics allemands, et de la médiocrité de ses récents dirigeants, la BCE, au lieu de travailler pour le bien de l’Europe et pour le renforcement de l’Union, a systématiquement au cours ces dernières années oeuvré contre sa « mère-patrie ».

En effet, depuis la crise des « subprime » en 2007 et la chute de Lehman Brothers en 2008, la BCE a déversé des tombereaux d’euros quasi-gratuits, par milliers de milliards, vers le secteur bancaire européen, et ce sans rien exiger en retour de sa part en matière de financement de l’économie réelle ; et aujourd’hui, pour diverses raisons, les banques préfèrent replacer tout cet argent gratuit à perte auprès de la BCE, plutôt que de le prêter à leurs consoeurs ou à l’économie réelle (on marche vraiment là sur la tête !).

En outre, la banque centrale s’interdit par principe de prêter en direct de l’argent aux Etats-membres ou aux agents économiques actifs, alors qu’elle constitue en pratique une mine d’or disposant de réserves illimitées de métal précieux à coût d’extraction « zéro », qui pourrait avantageusement arroser à grands flots la machine économique européenne, et ce pour le plus grand bien de ses entreprises et de ses salariés.

A vrai dire, la BCE est aujourd’hui pour l’Europe comme une Ferrari financière que ses propriétaires -pour des raisons absconses et incompréhensibles- auraient décidé de laisser clouée au garage !

Crise de la dette grecque, source de gangrène économique et financière ?

Fin 2009, lorsque quelques fonds spéculatifs internationaux se sont attaqués aux emprunts d’Etat grecs, notamment via le marché des CDS (Credit Default Swaps), il suffisait d’un simple coup de fil du chef-cambiste de la BCE aux patrons de salles de marché de quelques grandes banques d’investissement internationales, pour faire retomber dans l’oeuf en quelques heures le soufflé de la spéculation .

Malheureusement, le président à l’époque de la Banque, à savoir le français Jean-Claude Trichet, zélote dévot et inconditionnel du système bancaire, de fait ennemi d’une l’Union européenne forte et incapable de prendre de vraies initiatives en sa faveur, et surtout parfaitement ignorant du mécanisme concret des marchés financiers -car n’ayant jamais traité de sa vie en direct la moindre opération depuis une salle de marché- s’est révélé totalement incapable de réagir sur-le-champ pour éteindre l’incendie grec dès le départ du feu.

Et aujourd’hui, essentiellement à cause de lui, la situation est devenue réellement dramatique pour l’Europe entière, voire pour toute l’économie mondiale.

Soyons optimistes, il existe une bonne solution: sortir la Ferrari du garage !

Face à cette gangrène financière partie de la Grèce à cause de l’impéritie de la BCE, et qui s’étend aujourd’hui progressivement aux pays voisins, à tout le secteur bancaire et aux marchés boursiers, il importe de réagir avec rapidité et énergie.

Comment cela ?

Tout d’abord en provoquant une réunion des chefs d’Etat pour amender d’urgence les statuts de la BCE, afin de lui permettre d’intervenir en direct sur la dette des pays et sur le financement de leur économie réelle -en court-circuitant les banques- et ce si possible avec une mise en oeuvre provisoire immédiate.

Ensuite, en confirmant à la tête de la BCE un commando de « vrais européens » désireux de faire gagner « l’équipe Europe », et qui soutienne financièrement et moralement tous les joueurs de l’équipe, même lorsque certains présentent momentanément des signes de faiblesse (à cet égard, M. Draghi semble nettement plus ouvert que M. Trichet à une telle approche).

Cela veut dire notamment, pour la Banque, intervenir massivement sur le marchés des CDS (qui ne représente de fait pas grand-chose en cash) pour dégonfler les primes de risque exorbitantes infligées par ce marché aux Etats du Sud.

Enfin, en transformant sans tarder tout le stock des emprunts publics européens en ODI (obligations à durée indéterminée ou « rentes perpétuelles »), à taux fixe raisonnable (entre 2 et 5%)

Pour éviter aux pays d’avoir sans arrêt à réémettre des obligations sur le marché avec à la clé, à un moment donné, l’inévitable sanction des agences de notation et autres analystes financiers.

Les Etats cesseront alors de devoir rembourser périodiquement leur dette en la prolongeant au coup par coup par du « crédit revolving » à taux inconnu voire usuraire (mission impossible de fait sur le long terme), avec a contrario juste des intérêts fixes modérés à payer chaque année via les ODI, sauf en cas de retour à meilleure fortune ; et ces ODI feront en outre l’objet d’un marché secondaire (« d’occasion »), coordonné par la BCE, pour assurer aux investisseurs la récupération de leur capital en cas de besoin.

Une telle démarche permet ainsi de faire d’une pierre deux coups : d’une part libérer des Etats de l’insupportable dictature des marchés financiers, et d’autre part protéger le portefeuille des investisseurs, petits ou gros, détenteurs de leur gigantesque dette (de l’ordre au total, tout comme la masse monétaire, de 10 000 milliards d’euros).

Joseph Leddet

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Messagepar Johnny John » Jeu 31 05 12 12:07

Bonjour à tous.

Belle analyse de Joseph Leddet.

L'Europe, c'est donc une masse monétaire maousse costaud, pouvant défier le dollar. Le problème c'est que le dollar, ce n'est pas que des chiffres, c'est aussi et surtout une culture, et cette culture est de celle qui gagne, d'où la confiance qu'on lui accorde, d'autant que la culture montre l'avenir, les chiffres le passé.

Dans l'état culturel européen, la BCE ne saurait être la FED. La FED peut mener une politique pour un continent culturel homogène, la BCE est-elle sûre de trouver une telle assise. Les joueurs européens sont-ils tous de bonne foi, veulent-ils tous participer pleinement ou certains profiter seulement ?...

Effectivement les statuts du Traité européen peuvent se voir modifier pour permettre à la BCE de jouer à la grande et faire comme son homologue américaine, avec quels résultats à la clef ? Permettre à ceux qui ne peuvent accepter de jouer le même jeu, d'aller gambader aux frais des autres participants, sans qu'aucune autre sanction n'intervienne que les mauvais yeux de ces derniers, portefaix suants, chauves de désespoir effaré.

Quant au passage de l'argent européen par les banques privés, il permet surtout de combler, par extinction de dettes et ruine des actionnaires, les abysses, dans lesquels la BCE ne veut surtout pas faire de plongée sous-marine; car une Ferrarri avec de l'eau dedans, c'est un Nautilus bien motorisé, mais sans hélice, ça reste au fond.

Sans modification fondamentale de culture européenne, cette BCE-FED, avec son moteur italien, son beau canasson en effigie, au lieu de sauver l'Europe la plomberait sans rémission. Le pire n'est pas certain, mais les hommes ont des compétences et la Grèce, entre autre, des génies.

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Messagepar Stephane » Jeu 31 05 12 14:17

Pour résumer... utilisons la BCE comme une planche à billet pour financer notre absence de courage politique. Avec les allemands ça va être difficile, et au final, on aurait un Euro dévalué.
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Messagepar Christophe » Jeu 14 06 12 16:29

Que voili, que voilà, un condensé en 20 secondes de la fin de la crise...

http://www.youtube.com/watch?v=1qoq9jIj ... e=youtu.be
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Messagepar Johnny John » Jeu 14 06 12 21:42

Bonsoir à tous.

Il y a encore peu, il ne fallait rien exagérer, c'était l'époque de l'effondrement nul pour les économistes; aujourd'hui certains envisagent l'effondrement économique pour les nuls, mais en fait pas seulement que pour les nuls; non, les économistes, pas plus que les politiques, et c'est bien dommage, ne sont les seuls concernés.

Par bonheur, quand tout va mal, ça va mieux; une solution pourrait donc un jour ou l'autre être trouvée, non par excès de génie, mais plutôt parce qu'à un certain âge, c'est difficile de se remettre aux couches-culottes.

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Métaphore

Messagepar Christophe » Mer 27 06 12 17:48

La crise expliquée et résolue :

Une journée maussade dans un petit bourg humide au fond de la verte Irlande.

Il tombe une pluie battante et les rues sont abandonnées.

Les temps sont durs : tout le monde est endetté, tout le monde vit à crédit.

Arrive un touriste allemand, riche.

Il arrête sa belle voiture devant le seul hôtel de la ville et il entre.

Il pose un billet de 100 € sur le comptoir et demande à voir les chambres disponibles afin d'en choisir une pour la nuit.

Le propriétaire de l'établissement lui donne les clés et lui dit de choisir celle qu'il veut.

Dès que le touriste monte l'escalier, l'hôtelier prend le billet de 100 €, file chez le charcutier voisin et règle sa dette envers celui-ci.

Le charcutier, qui doit de l'argent à un éleveur de porcs, se rend immédiatement chez ce dernier et lui donne le billet de 100 €.

L'éleveur de porcs, à son tour, règle ses dettes envers la coopérative agricole où il achète ses fournitures.

Le directeur de la coopérative court aussitôt jusqu'au pub pour régler son ardoise au patron du bar.

Le barman, glisse alors le billet à la prostituée qui lui fournit ses services à crédit déjà depuis des semaines.

Celle-ci, qui utilise l'hôtel proche, professionnellement, court régler son compte avec l'hôtelier.

L'hôtelier pose le billet de 100 € sur le comptoir où le touriste allemand l'avait posé en arrivant.

Au même moment, le touriste descend l'escalier, annonce qu'il ne trouve pas les chambres à son goût, ramasse son billet et s'en va.

Personne n'a rien produit, personne n'a rien gagné, mais personne n'est plus endetté et le futur semble beaucoup plus prometteur.

C'est ainsi que fonctionnent les plans de sauvetage que l'on prévoit pour les pays d'Europe en difficulté…
Christophe
 
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Messagepar Stephane » Jeu 28 06 12 13:27

Mais ce qu'il va se passer... c'est que la prostituée (grecque) va tout simplement quitter le village avec le magot, et que le touriste allemand va se fâcher quand il verra qu'on lui a fait les poches sans lui avoir rien fourni en échange. Et un allemand sûr de son bon droit, ça fait du raffût !
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Messagepar Christophe » Ven 29 06 12 17:35

Confer l'histoire courte ci-après :

Gretta et Karl attendent un heureux évènement.

Accouchement sans problème sauf que l'enfant (Frantz) ne vagit pas tout en étant parfaitement sain.

Un an après, toujours aucune parole; l'orthophoniste consulté est dépassé dans son diagnostic : les cordes vocales sont normales.

Enfin, dans sa treizième année, lors du dîner, Frantz repose sa fourchette avec violence à côté de son assiette et s'exclame "ça manque de sel".

Bouleversée, Gretta "mais tu parles! Pourquoi n'as-tu jamais rien dit?"

Et Frantz de répondre : "jusqu'ici, tout était irréprochable".
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