par Jean-Francois Richard » Lun 15 11 10 19:53
Y a-t-il un vrai changement politique en France ?
C'est finalement un changement a minima qui touche la politique française, si l'on regarde les choses à la surface : il se traduit essentiellement par la fin de l'ouverture démagogique à gauche et même la réduction à la portion congrue des centristes. Comme Michel Rocard avant lui avec la droite, Nicolas Sarkozy enterre son ouverture à gauche. C'est un virage à droite incontestable, mais personne ne dira qu'il est spectaculaire.
Au plan astrologique, on peut se dire qu'il y a bien eu un virage politique sur cette année 2010 dans la foulée de la conjonction Jupiter-Neptune de décembre 2009, ce cycle étant arrivé aujourd'hui à l'étape de son demi-sextile : l'engagement d'une politique d'austérité et de hausse des impôts à cause de la menace de la dette et, au plan du personnel gouvernant, un virage à droite très net avec l'abandon des fantasmes d'ouverture.
Ce changement n'est cependant ni spectaculaire ni déterminant à ce stade. Dans la foulée d'une conjonction Jupiter-Neptune, on a parfois vu beaucoup plus marquant et même spectaculaire : par exemple le retour inattendu des socialistes au pouvoir en 1997 avec Lionel Jospin, suite à une dissolution hasardeuse de l'Assemblée par Jacques Chirac... Mais on a vu également des changements plus ténus ou progressifs, par exemple avec la nomination de Laurent Fabius comme Premier ministre en 1984 : si cela consacrait la fin des dérives gauchistes mitterrandiennes depuis 1981, les principales rectifications avaient en réalité déjà été amorcées par Pierre Mauroy à partir de 1982 (blocage des prix et des salaires, dévaluations en chaîne et choix de l'Europe, premières mesures d'austérité, etc.).
La confirmation de François Fillon à son poste de Premier ministre fait ironiser sur la modestie du changement mais il n'en est pas moins réel : il y a bien eu changement de Premier ministre, en fait, puisque Sarkozy a cherché tous les successeurs possibles à François Fillon ! Et finalement, son choix de remplacement s'est porté sur... François Fillon ! En fait, après avoir tenté un "virage à gauche" avec la candidature du si dépensier et imprévisible Jean-Louis Borloo, l'Elysée s'est résigné à un "virage à droite" car c'était la seule solution praticable.
De la même façon, le virage en faveur d'une politique d'austérité s'est fait progressivement tout au long de l'année 2010, en dépit de tant de chipotages sur le seul mot de "rigueur" pendant des mois et des mois... Le virage est incontestable mais, là aussi, on peut le relativiser : il a été imposé par une situation générale critique en Europe à cause des déficits excessifs et n'a pas résulté d'une seule situation franco-française.
En résumé, il y a bien virage politique et remise à plat de l'exécutif mais les changements apparents sont loin d'être spectaculaires. Toujours au plan astrologique, on peut en voir deux raisons essentielles : la persistance d'une opposition Saturne-Uranus (depuis 2008 et jusqu'à l'automne 2011 dans ses effets les plus directs), qui constitue toujours un facteur de frein et de blocage pour la France, même si cela favorise au bout du compte les conservateurs comme l'a montré l'échec de la contestation sur la réforme des retraites. La modestie des changements opérés tient sans doute à ce facteur de blocages et de crises de façon générale.
Par ailleurs, le dernier carré du cycle Saturne-Pluton (depuis l'automne 2009 jusqu'à l'automne 2011) joue un rôle négatif en crispant les conservateurs gaullistes sur eux-mêmes. Toujours synonyme de déchirements, de scandales et de rejet de l'opinion pour la droite conservatrice française (et dans bien d'autres pays également, comme en Allemagne ou en Italie...), on a bien vu, de l'affaire Villepin à l'affaire Woerth en passant par celle du virus H1N1, à quel point la popularité du président s'est effondrée de façon inexorable jusqu'à aujourd'hui.
A présent, une nouvelle étape s'ouvre et, outre l'effet rénovateur de la conjonction Jupiter-Neptune de décembre 2009, cela est cohérent avec la position de Pluton (sextile exact en ce moment à l'étroite conjonction natale Jupiter-Neptune de la 5ème République). Finalement, l'opinion doit probablement être satisfaite de la reconduction de François Fillon qui lui apparaît comme un homme sérieux et rassurant par son austérité naturelle. C'est dans l'air du temps... L'éviction des bobos de droite ou de gauche devrait sans doute soulager également les Français, inquiétés par la dérive des hausse d'impôts comme des dépenses sociales. Borloo, notamment, n'aurait pu qu'exaspérer très largement par son dilettantisme prononcé et ses idées saugrenues pour taxer tout ce qui bouge, jusqu'aux fameuses "assiettes pique-nique"...
Pour argumenter en faveur des effets possibles de notre ami Pluton et des effets progressifs de la conjonction Jupiter-Neptune apparue l'an dernier, il est bien possible que ce nouveau gouvernement rassure effectivement les Français. Sur ce plan, le parallèle avec 1984 et la nomination de Fabius est assez frappant, de même que la position de Pluton (sextile positif aujourd'hui et conjonction non moins positive en 1984 avec la conjonction natale Jupiter-Neptune de la 5 ème République). Finalement, on peut se dire que Sarkozy, comme l'avait fait avant lui Mitterrand, se débarrasse de ses erreurs de jeunesse élyséenne : l'hyper-présidence si absurde avec les institutions actuelles est sans doute enterrée, de même que la démagogique ouverture à gauche. On en revient sans doute à un schéma politique plus classique mais aussi plus honnête et sincère. Par ces temps de crise et après tant de couacs politiciens depuis 2007, y compris sur le dernier projet de budget pour 2011, on peut penser que les Français aspirent à moins de clowneries comme de bling-bling et à une politique plus rationnelle, équilibrée et convaincante. Ils l'auront peut-être...
Sur les prochains mois, nous allons avoir à notre avis trois paramètres principaux qui vont agir en même temps et de façon partiellement contradictoire :
- L'opposition Saturne-Uranus va continuer son travail de sape et rendre toute politique française difficile à mettre en oeuvre. Elle devrait aussi provoquer des revers là où ils ne seront pas attendus, le premier d'entre eux concernant sans doute l'impossible croissance française étant donné les blocages bureaucratiques et une fiscalité confiscatoire. Au bout du compte, cette configuration favorise la droite conservatrice, mais cela se fait généralement aux forcepts comme l'a montré la réforme des retraites.
- Le carré Saturne-Pluton devrait continuer à polluer la vie politique de la famille gaulliste, soit que de nouveaux déchirements ou scandales apparaissent soit que les anciens se poursuivent de façon délétère. Dans le second cas, on pense évidemment au nouveau procès Villepin prévu au printemps et aux développements probablement croustillants que devrait connaître l'affaire Woerth-Bettancourt. Dans ce contexte, la gauche peut marquer des points mais, comme pour la réforme des retraites, sa crédibilité devrait demeurer faible en raison d'un conflit Saturne-Neptune (sesqui-carré) qui la divise également en poussant une partie de ses composantes au gauchisme.
- La conjonction Jupiter-Neptune arrivée à un long demi-sextile et la position constructive de Pluton devraient par ailleurs apporter un nouveau souffle à l'action gouvernementale. Peut-être ce facteur est-il sous-estimé par les commentaires que l'on entend actuellement... Cependant, on voit bien les obstacles, à commencer par ceux hérités du passé.
La question clé, c'est évidemment celle de la dette française, accumulée depuis près de 40 ans avec insouciance. Un tel déséquilibre est résumé par deux chiffres : 56% du Pib français est accaparé par les dépenses de l'Etat et 35% de ce même Pib correspond à des transferts sociaux. Un record mondial en matière de collectivisme... Un tel système a évidemment tué la croissance et porté les déficits à des sommets, sans avoir jamais résolu aucun des problèmes posés.
On a bien compris que tout cela inquiétait François Fillon depuis qu'il a déclaré être "à la tête d'un pays en faillite". Certes... Mais pour le moment, force est de constater qu'il est le Premier ministre à avoir accru le plus la dette du pays depuis 40 ans ! Entre les paroles et les actes, le fossé est béant... La France aura encore en 2011 un déficit annuel supérieur à 6% du Pib, quand l'Allemagne reviendra à 3% seulement et à l'équilibre en 2012. Même le Portugal, un des "Pigs", fera mieux que la France l'an prochain avec un déficit prévu juste au-dessus de 3% !
Le virage politique actuel, qui se concrétise par un nouveau bail pour François Fillon à l'Hôtel Matignon, va donc achopper sur les déficits, la gestion de la dette et bien entendu la réforme d'une fiscalité confiscatoire et anti-économique. On va donc voir sur les prochains mois si le Premier ministre est vraiment capable d'engager les nécessaires réformes de l'Etat, des dépenses sociales et de la fiscalité pour commencer à remettre le pays sur les rails. Le temps presse, évidemment, puisque la crise des déficits ne tardera pas à frapper ouvertement à la porte de la France... Pour le moment, les actes passés de François Fillon depuis 2007 ne plaident pas pour lui, c'est le moins que l'on puisse dire. A moins qu'il n'arrive enfin à mettre en adéquation ses paroles et l'action du nouveau gouvernement. C'est finalement le seul enjeu de 2011...
Le 15 novembre 2010