2010-2011 : un nouvel élan réformateur est-il possible ?

Discussion sur les perspectives économiques, politiques, sociales ou autres de la France.

2010-2011 : un nouvel élan réformateur est-il possible ?

Messagepar Jean-Francois Richard » Lun 15 11 10 19:55

Y a-t-il un vrai changement politique en France ?

C'est finalement un changement a minima qui touche la politique française, si l'on regarde les choses à la surface : il se traduit essentiellement par la fin de l'ouverture démagogique à gauche et même la réduction à la portion congrue des centristes. Comme Michel Rocard avant lui avec la droite, Nicolas Sarkozy enterre son ouverture à gauche. C'est un virage à droite incontestable, mais personne ne dira qu'il est spectaculaire.

Au plan astrologique, on peut se dire qu'il y a bien eu un virage politique sur cette année 2010 dans la foulée de la conjonction Jupiter-Neptune de décembre 2009, ce cycle étant arrivé aujourd'hui à l'étape de son demi-sextile : l'engagement d'une politique d'austérité et de hausse des impôts à cause de la menace de la dette et, au plan du personnel gouvernant, un virage à droite très net avec l'abandon des fantasmes d'ouverture.

Ce changement n'est cependant ni spectaculaire ni déterminant à ce stade. Dans la foulée d'une conjonction Jupiter-Neptune, on a parfois vu beaucoup plus marquant et même spectaculaire : par exemple le retour inattendu des socialistes au pouvoir en 1997 avec Lionel Jospin, suite à une dissolution hasardeuse de l'Assemblée par Jacques Chirac... Mais on a vu également des changements plus ténus ou progressifs, par exemple avec la nomination de Laurent Fabius comme Premier ministre en 1984 : si cela consacrait la fin des dérives gauchistes mitterrandiennes depuis 1981, les principales rectifications avaient en réalité déjà été amorcées par Pierre Mauroy à partir de 1982 (blocage des prix et des salaires, dévaluations en chaîne et choix de l'Europe, premières mesures d'austérité, etc.).

La confirmation de François Fillon à son poste de Premier ministre fait ironiser sur la modestie du changement mais il n'en est pas moins réel : il y a bien eu changement de Premier ministre, en fait, puisque Sarkozy a cherché tous les successeurs possibles à François Fillon ! Et finalement, son choix de remplacement s'est porté sur... François Fillon ! En fait, après avoir tenté un "virage à gauche" avec la candidature du si dépensier et imprévisible Jean-Louis Borloo, l'Elysée s'est résigné à un "virage à droite" car c'était la seule solution praticable.

De la même façon, le virage en faveur d'une politique d'austérité s'est fait progressivement tout au long de l'année 2010, en dépit de tant de chipotages sur le seul mot de "rigueur" pendant des mois et des mois... Le virage est incontestable mais, là aussi, on peut le relativiser : il a été imposé par une situation générale critique en Europe à cause des déficits excessifs et n'a pas résulté d'une seule situation franco-française.

En résumé, il y a bien virage politique et remise à plat de l'exécutif mais les changements apparents sont loin d'être spectaculaires. Toujours au plan astrologique, on peut en voir deux raisons essentielles : la persistance d'une opposition Saturne-Uranus (depuis 2008 et jusqu'à l'automne 2011 dans ses effets les plus directs), qui constitue toujours un facteur de frein et de blocage pour la France, même si cela favorise au bout du compte les conservateurs comme l'a montré l'échec de la contestation sur la réforme des retraites. La modestie des changements opérés tient sans doute à ce facteur de blocages et de crises de façon générale.

Par ailleurs, le dernier carré du cycle Saturne-Pluton (depuis l'automne 2009 jusqu'à l'automne 2011) joue un rôle négatif en crispant les conservateurs gaullistes sur eux-mêmes. Toujours synonyme de déchirements, de scandales et de rejet de l'opinion pour la droite conservatrice française (et dans bien d'autres pays également, comme en Allemagne ou en Italie...), on a bien vu, de l'affaire Villepin à l'affaire Woerth en passant par celle du virus H1N1, à quel point la popularité du président s'est effondrée de façon inexorable jusqu'à aujourd'hui.

A présent, une nouvelle étape s'ouvre et, outre l'effet rénovateur de la conjonction Jupiter-Neptune de décembre 2009, cela est cohérent avec la position de Pluton (sextile exact en ce moment à l'étroite conjonction natale Jupiter-Neptune de la 5ème République). Finalement, l'opinion doit probablement être satisfaite de la reconduction de François Fillon qui lui apparaît comme un homme sérieux et rassurant par son austérité naturelle. C'est dans l'air du temps... L'éviction des bobos de droite ou de gauche devrait sans doute soulager également les Français, inquiétés par la dérive des hausse d'impôts comme des dépenses sociales. Borloo, notamment, n'aurait pu qu'exaspérer très largement par son dilettantisme prononcé et ses idées saugrenues pour taxer tout ce qui bouge, jusqu'aux fameuses "assiettes pique-nique"...

Pour argumenter en faveur des effets possibles de notre ami Pluton et des effets progressifs de la conjonction Jupiter-Neptune apparue l'an dernier, il est bien possible que ce nouveau gouvernement rassure effectivement les Français. Sur ce plan, le parallèle avec 1984 et la nomination de Fabius est assez frappant, de même que la position de Pluton (sextile positif aujourd'hui et conjonction non moins positive en 1984 avec la conjonction natale Jupiter-Neptune de la 5 ème République). Finalement, on peut se dire que Sarkozy, comme l'avait fait avant lui Mitterrand, se débarrasse de ses erreurs de jeunesse élyséenne : l'hyper-présidence si absurde avec les institutions actuelles est sans doute enterrée, de même que la démagogique ouverture à gauche. On en revient sans doute à un schéma politique plus classique mais aussi plus honnête et sincère. Par ces temps de crise et après tant de couacs politiciens depuis 2007, y compris sur le dernier projet de budget pour 2011, on peut penser que les Français aspirent à moins de clowneries comme de bling-bling et à une politique plus rationnelle, équilibrée et convaincante. Ils l'auront peut-être...

Sur les prochains mois, nous allons avoir à notre avis trois paramètres principaux qui vont agir en même temps et de façon partiellement contradictoire :

- L'opposition Saturne-Uranus va continuer son travail de sape et rendre toute politique française difficile à mettre en oeuvre. Elle devrait aussi provoquer des revers là où ils ne seront pas attendus, le premier d'entre eux concernant sans doute l'impossible croissance française étant donné les blocages bureaucratiques et une fiscalité confiscatoire. Au bout du compte, cette configuration favorise la droite conservatrice, mais cela se fait généralement aux forcepts comme l'a montré la réforme des retraites.

- Le carré Saturne-Pluton devrait continuer à polluer la vie politique de la famille gaulliste, soit que de nouveaux déchirements ou scandales apparaissent soit que les anciens se poursuivent de façon délétère. Dans le second cas, on pense évidemment au nouveau procès Villepin prévu au printemps et aux développements probablement croustillants que devrait connaître l'affaire Woerth-Bettancourt. Dans ce contexte, la gauche peut marquer des points mais, comme pour la réforme des retraites, sa crédibilité devrait demeurer faible en raison d'un conflit Saturne-Neptune (sesqui-carré) qui la divise également en poussant une partie de ses composantes au gauchisme.

- La conjonction Jupiter-Neptune arrivée à un long demi-sextile et la position constructive de Pluton devraient par ailleurs apporter un nouveau souffle à l'action gouvernementale. Peut-être ce facteur est-il sous-estimé par les commentaires que l'on entend actuellement... Cependant, on voit bien les obstacles, à commencer par ceux hérités du passé.

La question clé, c'est évidemment celle de la dette française, accumulée depuis près de 40 ans avec insouciance. Un tel déséquilibre est résumé par deux chiffres : 56% du Pib français est accaparé par les dépenses de l'Etat et 35% de ce même Pib correspond à des transferts sociaux. Un record mondial en matière de collectivisme... Un tel système a évidemment tué la croissance et porté les déficits à des sommets, sans avoir jamais résolu aucun des problèmes posés.

On a bien compris que tout cela inquiétait François Fillon depuis qu'il a déclaré être "à la tête d'un pays en faillite". Certes... Mais pour le moment, force est de constater qu'il est le Premier ministre à avoir accru le plus la dette du pays depuis 40 ans ! Entre les paroles et les actes, le fossé est béant... La France aura encore en 2011 un déficit annuel supérieur à 6% du Pib, quand l'Allemagne reviendra à 3% seulement et à l'équilibre en 2012. Même le Portugal, un des "Pigs", fera mieux que la France l'an prochain avec un déficit prévu juste au-dessus de 3% !

Le virage politique actuel, qui se concrétise par un nouveau bail pour François Fillon à l'Hôtel Matignon, va donc achopper sur les déficits, la gestion de la dette et bien entendu la réforme d'une fiscalité confiscatoire et anti-économique. On va donc voir sur les prochains mois si le Premier ministre est vraiment capable d'engager les nécessaires réformes de l'Etat, des dépenses sociales et de la fiscalité pour commencer à remettre le pays sur les rails. Le temps presse, évidemment, puisque la crise des déficits ne tardera pas à frapper ouvertement à la porte de la France... Pour le moment, les actes passés de François Fillon depuis 2007 ne plaident pas pour lui, c'est le moins que l'on puisse dire. A moins qu'il n'arrive enfin à mettre en adéquation ses paroles et l'action du nouveau gouvernement. C'est finalement le seul enjeu de 2011...

Le 15 novembre 2010
Jean-Francois Richard
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Messagepar Jean-Francois Richard » Jeu 25 11 10 15:33

La déception Fillon

Nous avons souligné la possibilité d'un nouvel élan politique en France, en dépit de nombreux obstacles par ailleurs qui ne facilitent pas une véritable adaptation à la gravité de la situation. Cela ne change pas...

Pour confronter cette analyse à la réalité, quel meilleur exemple que le discours aujourd'hui de politique générale du Premier ministre François Fillon. Force est en effet de constater que sa langue de bois est immuable : il s'est contenté de se féliciter des grandes réformes depuis 2007 qui n'ont... hélas jamais eu lieu !

Sa priorité, ce sont à présent les déficits. Mais avec un budget 2011 en déficit de 6% du Pib, soit près de 100 milliards d'euros, qui fait pire en Europe ? Personne... Même le Portugal, dans la tourmente actuelle, va réduire le sien à 4,5%. Quant à l'Allemagne, il sera deux fois inférieur en 2011 (3% du Pib) avant le retour à un budget équilibré en 2012 quand la France en sera au niveau portugais actuel de 4,5% du Pib !

Sur les déficits, prenons un seul exemple oh combien illustratif. Celui de la sécurité sociale, alors que le budget de l'assurance maladie est à 50% constitué par celui des hôpitaux, ce dernier étant composé à 70% de dépenses de personnel. Or, les infirmières du public (avec leur garantie de l'emploi et leurs retraites-chapeau en plus) gagnent 25% de plus que les infirmières du privé. Comment est-il possible de ne pas poser ce problème si l'on prétend réduire les déficits ?

Il y a pire, en quelque sorte. Jusqu'à présent, l'INSEE communiquait chaque année l'évolution des salaires du public et du privé, ce qui permettait de les comparer. Tout cela pour aboutir à environ 20% de plus en moyenne pour le public, sauf pour les cadres supérieurs. Mais cette étude annuelle n'est plus rendue publique dorénavant... On se doute de la raison, évidemment. Cela traduit ainsi une réalité qu'il faut absolument masquer aux yeux de l'opinion, afin que l'on ne voit surtout pas où se situe la réalité de l'endettement colossal de la France. Sur ce plan, on peut parler d'un véritable complot pour continuer à désinformer l'opinion.

Concluons avec la réforme de la fiscalité du patrimoine. On va voir s'ils suppriment effectivement l'ISF, impôt confiscatoire et idéologique s'il en est, bref un véritable "impôt soviétique français". Le supprimer serait une mesure de salubrité publique... Inutile d'en rappeler les raisons, tout le monde sait (ou devrait savoir) à quel point il détruit les patrimoines, encourage à l'exil fiscal et contribue puissamment à massacrer l'épargne comme l'investissement.

On "parle" enfin de le supprimer. Des paroles aux actes, on verra... Mais par ailleurs, on discute beaucoup du "patrimoine" des Français avec une inquiétante gourmandise. Et on mélange tout, comme d'habitude. D'abord, on prétend à droite comme à gauche que le patrimoine doit être taxé alors qu'il est déjà... hypertaxé et que le budget 2011 aggrave encore les choses. Veut-on détruire totalement les investissements en actions ? Il n'y a qu'à taxer davantage... Veut-on détruire l'investissement immobilier pourtant si nécessaire avec 40% de Français locataires ? Il n'y a qu'à encore relever taxes, impôts et prélèvements... Veut-on accélérer la faillite de la France ? Il n'y a qu'à encore relever la taxation des contrats d'assurance-vie qui financent près d'un tiers de la dette nationale...
Veut-on ruiner les classes moyennes ? Il n'y a qu'à encore et toujours augmenter la fiscalité locale qui coûte désormais souvent plus cher qu'un emprunt immobilier ! Etc, etc.

La distinction soi-disant subtile effectuée entre "investissement productif" et "patrimoine improductif" est également tout à fait inquiétante. La distinction entre les deux est en effet absurde, tant les deux domaines ne peuvent ainsi être découpés en tranches. Seules les énarques, dogmatiques par excellence, peuvent chercher à faire une différence dans un souci bureaucratique de classification obsessionnelle. Le plus caricatural est bien entendu de classer l'investissement immobilier, véritable activité économique à l'utilité sociale évidente, au rang d'une "rente" improductive et donc... évidemment taxable à merci. C'est non seulement stupide, mais cela évite surtout aux crânes d'oeufs qui raisonnent ainsi de définir ce qu'est effectivement une "rente". Une "rente", c'est en fait ce dont eux-mêmes bénéficient et que l'on qualifie plus précisément de "rente de fonction" avec un emploi garanti à vie, une super retraite-chapeau et, en fait, si peu de travail tout au long de sa vie. Voilà où se situe la "rente française", si improductive et si nuisible pour la collectivité !

D'autres "rentes" existent, si l'on veut jouer un peu sur les mots. Par exemple, toutes ces mesures de défiscalisation qui, sauf à quelques exceptions près, sont uniquement destinées à une clientèle bien précise. Que dire par exemple des mesures de Robien ou Scellier dans l'immobilier ? Que cela constitue une vraie rente pour les ténors bien connus de la promotion immobilière et que les ménages qui veulent investir dans l'immobilier peuvent très bien s'en passer. A condition de réduire la fiscalité pesant sur l'immobilier et le foncier, qui démontre à quel point Ubu est Roi en France, puisque l'on creuse des déficits d'un côté et qu'on les remplit de l'autre. La fiscalité française, c'est un vrai Sapeur Camembert qui rebouche un trou en en creusant un autre...

Notons aussi que la "défiscalisation" enrichit beaucoup d'intermédiaires, notamment bancaires. On a ainsi vu des amendements au Parlement sur le budget 2011 assez étonnants... Comme s'il s'agissait d'orienter la manne des courtages, frais et commissions en direction de certains acteurs et au détriment des autres... Si nous avons bien suivi la finalité de certains amendements, il s'agissait visiblement de favoriser les grands établissements bancaires au détriment d'acteurs plus indépendants et de moindre poids. Par exemple sur l'ISF-PME, probablement une caricature en la matière...

Il reste que ces produits de défiscalisation sont pour la plupart des pièges à contribuables, qui risquent de payer davantage que l'impôt en faux investissements mais en vrais frais aussi divers que variés, multiples et à rallonges. Il ne serait pourtant pas compliqué de tous les supprimer, sauf à quelques exceptions près... Et parallèlement d'alléger et simplifier une fiscalité opaque et kafkaïenne. Cela n'est pourtant pas au programme de Fillon 2...

La seule solution n'est pourtant pas de continuer sous Fillon 2 à augmenter massivement les impôts comme l'a déjà fait Fillon 1. On voit désormais les classes moyennes être littéralement "affolées" de la frénésie fiscale nationale et locale. Cela remonte à présent de partout... Cette fiscalité est devenue tellement imprévisible et tentaculaire, que l'on ne mesure pas à quel point elle est désormais devenu un facteur de blocage économique et social. Surtout depuis un ou deux ans et les projets insensés de taxations tous azimuts dans le plus grand désordre et la plus parfaite confusion.

La solution pour relancer ou au moins soutenir un peu la croissance est de baisser des impôts trop lourds. Mais pour cela, il faut évidemment s'attaquer aux insolents privilèges du secteur public, véritable prédateur de la richesse nationale comme de l'activité marchande. Tant que ce sujet restera tabou, on aura droit à la langue de bois habituelle de la droite ou de la gauche.

Finalement, comme c'est partiellement le cas dans les pays déjà sinistrés par la crise des déficits, ce n'est que la faillite qui oblige à des réformes structurelles. La France s'engage dans la même voie. Le seul problème, c'est que cela ruine tout le monde, le prix à payer pour réduire (un peu) certains privilèges publics apparaissant alors exorbitant pour l'ensemble de la collectivité.

Le 24 novembre 2010
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