par Jean-Francois Richard » Mer 05 11 08 15:49
Bjr,
La symbolique en moins peut-être, je partage assez le point de vue de Nadir. Il me semble que l'on se polarise trop sur certains symboles forts de cette élection (la fin du règne Bush, un Noir élu à la présidence, le charisme évident d'Obama, etc.) et que l'on oublie souvent l'essentiel pour tomber fréquemment dans l'anecdotique et le superficiel.
Je sais bien que je vais à contre-courant de l'ambiance actuelle... Mais si j'ai apprécié moi aussi la belle performance d'Obama, il me semble qu'il faut prendre du recul. Voici d'ailleurs une petite analyse sur le succès d'Obama :
Election américaine
Barack Obama a remporté une très belle victoire, validant au passage notre pronostic effectué en août dernier.
Au-delà de l'enthousiasme général, aux Etats-Unis et en dehors, qui salue son succès, il nous semble que son élection soulève un certain nombre de questions qui méritent d'être abordées.
* Le "Yes We Can" de Barack Obama ressemble à s'y méprendre au "Tout est possible" de Nicolas Sarkozy en 2007. On sait ce qu'il est advenu du slogan de Sarkozy qui est passé en moins de 6 mois au cimetière des belles
promesses électorales. Les sondages se sont effondrés et Sarkozy ne recueille plus qu'environ 30 à 35% d'opinions favorables.
Pour différentes raisons que nous allons détailler ci-dessous, le "Yes We Can" nous semble promis au même avenir que le "Tout est possible"...
* On compare souvent Barack Obama à John F. Kennedy ou Frankin Roosevelt. Cette comparaison est superficielle. En effet, le seul trait commun entre les 3 hommes est le grand espoir que soulève ou a soulevé leur élection. Mais tout le reste est profondément différent.
John F. Kennedy a été élu en pleine période de forte croissance économique et alors que les Etats-Unis étaient au sommet de leur gloire après la 2ème guerre mondiale. L'élection de Kennedy, c'était vraiment le triomphe de la
"middle class" en pleine prospérité et qui pouvait voir l'avenir avec une totale confiance. Kennedy reste associé à cette période d'enrichissement sans précédent des classes moyennes américaines.
Franklin Roosevelt a été élu au coeur de la grande dépression en novembre 1932. Les Etats-Unis ne pouvaient guère descendre plus bas et il a été associé à une reprise progressive de la croissance, facilitée par son New
Deal de grands travaux. Roosevelt reste associé au soulagement de la misère née de la grande dépression.
La situation de Barack Obama est beaucoup moins favorable, car il va prendre la présidence américaine ni en période de prospérité ni à la fin d'une terrible récession. Il va entrer dans le bureau ovale, au contraire, alors
que la crise est loin d'être terminée. De surcroît, les caisses de l'Etat fédéral sont vides et même percées de tous les côtés. Il n'aura donc aucune marge de manoeuvre budgétaire réelle et le choix qui se posera à lui sera un
vrai dilemme : s'il applique son programme relativement "dépensier", il prendra le risque de ruiner davantage les Etats-Unis sans relancer une quelconque croissance à moyen ou long terme; s'il renonce à son programme
de dépenses en tout ou en partie, il décevra son électorat comme l'a fait Sarkozy pour d'autres raisons.
* Astrologiquement, les Etats-Unis dépendent en grande partie du cycle Saturne-Uranus, arrivé à une opposition (angle de 180°) qui constitue l'élément le plus négatif possible pour ce tandem planétaire.
On vient de le voir avec l'éclatement spectaculaire de la crise actuelle cet automne, qui a concerné au premier chef les Etats-Unis ! Mais cette configuration très négative va durer jusqu'en 2010, ne serait-ce que pour
ses effets de "court terme". Certes, on peut (et on doit...) être plus nuancés car certains éléments positifs vont en partie contrecarrer ce cocktail explosif sur les années à venir... Toujours est-il que cette opposition Saturne-Uranus va plomber l'économie américaine pendant au moins
deux ans, d'une façon ou d'une autre. Cela n'implique pas une récession de deux années entières, mais au moins à notre avis une croissance faible et, probablement, des difficultés non prévues aujourd'hui et probablement Ã
cause de l'endettement américain.
Il est par ailleurs dommageable que l'opposition Saturne-Uranus tombe sur des points particulièrement sensibles pour les USA. Même si notre marge d'erreur augmente singulièrement en cherchant à affiner un pronostic, il
nous semble que cela peut notamment concerner 3 éléments importants : la déception éventuellement rapide de l'électorat le plus modeste d'Obama,
notamment dans la minorité noire; un discrédit pouvant être assez rapide de la parole présidentielle; l'impossibilité de lancer les réformes sociales prévues, ou au moins de leur accorder la place qui leur était réservée dans
le discours électoral.
Prenons par exemple la couverture maladie universelle, grande revendication sociale depuis des décennies aux Etats-Unis. L'administration Clinton aurait
pu la mettre en oeuvre, étant donné la forte croissance économique des années 1990. Mais il manquait à l'époque une claire volonté politique... Aujourd'hui, on peut penser qu'Obama a probablement cette volonté, mais
comment financer une telle réforme en pleine déroute économique, avec des entreprises qui peinent à survivre et avec des caisses fédérales vides ? On
verra ce qu'il en advient mais on peut se dire que c'est actuellement mission impossible si l'on veut simplement être réaliste... Obama est-il réaliste ? On le verra sur ce sujet comme sur d'autres, mais on peut penser
que oui...
Si l'on suit ensuite, jusqu'en 2010, le chemin de l'opposition
Saturne-Uranus, on s'aperçoit qu'elle va demeurer spécialement redoutable pour les Etats-Unis. Notamment sur les prochains mois, mais ensuite pendant
l'automne 2009 et peut-être surtout l'été et l'automne 2010.
Toujours en rappelant le recul qu'il faut avoir en essayant d'affiner davantage, il nous "semble", surtout en 2010 peut-être, que les finances de l'état fédéral "peuvent" constituer l'un des points clés des prolongements
de la crise. On conçoit bien souvent, surtout en France, les déficits publics comme seulement virtuels. Mais on peut s'apercevoir qu'ils sont bien réels, peuvent plomber un pays pour de nombreuses années et aussi provoquer
de redoutables crises financières sur les marchés. Ce sera peut-être l'un des enjeux de cette opposition Saturne-Uranus de mettre en valeur l'endettement excessif des Etats-Unis, mais aussi sans doute pour d'autres
pays comme la France.