par Jean-Francois Richard » Jeu 13 05 10 13:53
Oui, excellent, je partage tout à fait sur le fond... Tiens, voilà ce que j'écrivais le même jour à l'intention des abonnés de bourse anticipations :
"""" Crise des déficits : la fuite en avant européenne
L'UE a donc mis en place un plan de sauvetage, baptisé pudiquement "plan de stabilisation", de 750 milliards d'euros eu total.
L'esprit de solidarité intra-européen l'a donc emporté. Et toutes les réticences ont été balayées, notamment celles de l'Allemagne...
Ce plan appelle le commentaire suivant :
- Il n'est plus question de sanctions contre les pays mal gérés, tricheurs ou menteurs. Le contribuable européen va payer sans aucun mécanismes ni règles de contrôle. Peut-être reparlera-t-on de "gouvernance économique" au prochain sommet du G20... à la fin de l'année !
- Les pays les plus mal gérés n'ont donc quasiment aucun intérêt à faire des efforts, puisque la "manne européenne" va de toute façon se déverser à leur secours. La Grèce vient ainsi de réclamer 20 milliards d'euros en simple application des mesures prises. Le plan de "stabilisation" constitue donc un encouragement à la mauvaise gestion, c'est la seule conclusion "objective" à en tirer.
- La spirale des déficits ne concernait que l'Europe du Sud, y compris la France bien entendu. En voulant éviter une contagion progressive, l'UE vient en fait de décréter une contagion immédiate et généralisée. C'est désormais toute l'Eurozone qui gère les déficits nationaux, cette "mutualisation" allant même jusqu'à transformer la BCE (comme désormais la Fed) en émetteur obligataire. La banque centrale y perd à l'évidence son indépendance vis à vis des marchés puisqu'elle est chargé de les contrôler mais va en devenir un des acteurs de premier plan, une sorte de super-banque privée si l'on veut...
- La mutualisation des déficits européens, sans règles ni sanctions, ne peut qu'aboutir à faire tourner la planche à billets et grossir les dettes. C'est littéralement affolant.
- L'UE a enfin menti, en quelque sorte, au sujet de la soit-disant crise de l'euro et de son "effondrement". L'euro ne s'est pas du tout effondré... Rappelons qu'il a été introduit en 2000 à 1,18 avec le dollar et qu'il vaut aujourd'hui, à 1 euro pour 1,27 USD, environ 10% plus cher ! Est-ce cela un effondrement ? En revanche, oui, il est bien menacé par la crise des déficits qui écartèle l' Eurozone et risque de compromettre à terme l'existence et la logique d'une monnaie unique.
De notre point de vue, cela fait déjà plusieurs années que nous soulignons que les pays occidentaux vont connaître une crise des déficits à cause du conflit entre Uranus et Pluton; et que celle-ci va d'abord limiter (2009-2012) puis casser (2012-2020) la croissance dans les pays de l'OCDE. Les mesures prises, tant aux Etats-Unis qu'en Europe, donnent d'ores et déjà corps à une analyse pessimiste sur l'ensemble de la décennie à venir.
La crise épidermique et plus spécifique à l'Europe depuis le début de l'année ne peut que s'amplifier très dangereusement sur les années à venir, non seulement au plan économique mais aussi à celui de la coopération dans l'Union. Le populisme politique, de gauche comme de droite, va dans un tel contexte se répandre bien au-delà de ce l'on connaît déjà .
Sur le plus court terme, nous avons souligné, correctement nous semble-t-il et depuis l'automne dernier, les problèmes que risquaient de poser aux marchés la question des déficits souverains. Nous sommes en plein dedans, évidemment. Compte tenu des éléments très négatifs de cette année et qui montent toujours en puissance (quadrature Jupiter-Saturne-Uranus-Pluton), l'été à venir se présente comme à très hauts risques, notamment et en particulier au sujet de cette crise des déficits. Cette dernière est la meilleure hypothèse que nous avons à ce stade pour envisager au seul plan économique le krach estival que nous redoutons.
La crise des déficits va durer jusque vers 2020. Elle vient d'éclater depuis la fin 2009 et risque fort de connaître une nouvelle accélération désastreuse au cours des semaines et mois à venir. On ne peut exclure à ce sujet, dés l'été à venir, une très profonde et très brutale crise de l'Union Européenne. Si ce n'est pas le cas, de toute façon, cette crise aura lieu mais s'étendra plus progressivement sur les années à venir. N'exagérons tout de même pas les choses, cela ne devrait pas compromettre la construction européenne à plus long terme et nous doutons également de l'abandon de l'euro comme résultante d'une telle crise.
Le 11 avril 2010 """"