par Jean-Francois Richard » Lun 06 06 11 17:08
AprĂšs les banques, les politiciens !
Sondage Ă©loquent en GrĂšce : 57% des sondĂ©s âapprouventâ les insultes et mĂȘmes les agressions physiques contre les politiciens !
La si fragile dĂ©mocratie grecque fait naufrage, comme nous le supposions dâailleurs il y a dĂ©jĂ plus dâun an. Le mĂȘme sondage indique que plus de 40% des sondĂ©s ne font aucune confiance Ă la classe politique pour affronter la crise, et ils sont mĂȘme 23% Ă revendiquer un âhomme fortâ qui les dĂ©barrasserait des politiciens. Autrement dit, un quart des Grecs sont âdĂ©jĂ â convaincus quâune dictature est la seule issue possible...
Il nây a pas que la GrĂšce... LâintĂ©rĂȘt de lâĂ©volution de ce pays est quâil indique avec brutalitĂ© les processus profonds qui sont Ă lâoeuvre partout dans les pays occidentaux. A cet Ă©gard, on aurait tort de considĂ©rer le cas grec comme une simple caricature. Câest sans doute vrai en partie, nâexagĂ©rons pas non plus les Ă©volutions actuelles, mais considĂ©rons surtout que cela trace la voie que vont suivre les autres pays. A des degrĂ©s divers, bien entendu; avec une ampleur diffĂ©rente, câest certain; avec des consĂ©quences variables, câest sĂ»r. Mais avec une constante : le rejet de plus en plus massif dâune classe politique corrompue, incompĂ©tente et plus soucieuse de ses privilĂšges que de lâintĂ©rĂȘt des peuples quâelle est sensĂ©e servir.
Au plan astrologique, tout ceci est malheureusement confirmĂ©. Les trois cycles saturniens sont âdĂ©croissantsâ, notamment celui avec Pluton, et cela implique un mouvement de rĂ©gression sur tous les plans : Ă©conomique, social, politique, culturel. Le grand carrĂ© Uranus-Pluton qui se met lentement en place tend pour sa part, de façon plus spĂ©cifique, Ă accroĂźtre la crise de la dette et le nationalisme Ă©conomique, Ă pousser les Etats Ă la faillite, Ă favoriser le populisme et les extrĂȘmes de droite, Ă engendrer coups dâEtat, assassinats et complots politiques, Ă pousser les peuples Ă la confrontation et aux guerres. Globalement, un tel climat va durer jusquâen 2020, ce qui nâest pas trĂšs rassurant car il ne fait encore que monter en puissance... Si lâon veut ĂȘtre un peu plus optimiste, on peut se dire quâune partie des Ă©lĂ©ments les plus nocifs de cette pĂ©riode seront dĂ©passĂ©s Ă partir de 2016-2017. Mais ce nâest quâune nuance, dont on peut dâailleurs douter de la pertinence. En rĂ©sumĂ©, câest une dĂ©cennie de crise qui est devant nous et lâembellie Ă©conomique actuelle, en fait financĂ©e Ă crĂ©dit par des pays hyper-endettĂ©s, ne durera probablement pas au-delĂ de 2012. Cela montre Ă notre avis lâintĂ©rĂȘt Ă analyser les consĂ©quences de cette crise dans ses diffĂ©rentes facettes. Y compris au plan politique.
En 2008, les boucs Ă©missaires de la crise Ă©taient les banques. A juste titre, bien entendu. Mais nous avions Ă lâĂ©poque soulignĂ© que câĂ©tait aussi partiellement injuste : ceux qui ont permis et poussĂ© aux imbĂ©ciles prĂȘts subprime nâĂ©taient pas les banques (elles les ont simplement mis en oeuvre) mais les politiciens. DĂ©mocrates dâabord puis RĂ©publicains ensuite, depuis la prĂ©sidence de Jimmy Carter dans les annĂ©es 1970 et surtout Clinton dans les annĂ©es 1990 et Bush dans les annĂ©es 2000.
Finalement, les opinions publiques ont fini par le comprendre... Ou du moins, elles ont fini par comprendre les responsabilitĂ©s ou plutĂŽt lâirresponsabilitĂ© des politiciens, quâils soient de droite ou de gauche. AprĂšs le âsus aux banquesâ, câest Ă prĂ©sent âsus aux politiciensâ ! Câest ce que dĂ©montre de façon si frappante le sondage grec ci-dessus...
Comment pourrait-il en ĂȘtre autrement, alors que les opinions publiques sentent bien, de façon intuitive, que la crise Ă©conomique est loin dâĂȘtre terminĂ©e. Et comment ne comprendraient-elles pas le fossĂ© immense qui les sĂ©pare dĂ©sormais des âĂ©litesâ politiques ? Les peuples subissent les ravages de la crise, notamment et essentiellement au plan de lâemploi. Mais aussi au plan du pouvoir dâachat, dont lâeffritement ou la baisse franche (inflation, hausse de la fiscalitĂ© et des taxes, stagnation des salaires) remet en question tous les projets ou espoirs de gĂ©nĂ©rations entiĂšres. Les peuples vivent cela au quotidien... Et que constatent-ils chez les politiciens ? Que ceux-ci ne sont nullement frappĂ©s personnellement par la crise dâune part, et quâils nâapportent aucune solution convaincante dâautre part. Pire : les seules mesures quâils adoptent consistent Ă rĂ©duire encore le pouvoir dâachat, notamment par la hausse des taxes, des impĂŽts ou des tarifs publics. Le divorce est donc consommĂ© entre les peuples et les politiciens et la raison en est Ă©vidente.
Prenons un petit exemple avec la France, Ă©videmment le pays que nous connaissons le mieux. Combien gagne un politicien ordinaire ? Le cas le plus classique est un dĂ©putĂ©-maire. Sans dĂ©tailler le calcul, ce politicien ordinaire gagne au minimum autour de 30.000 euros par mois et cela peut ĂȘtre bien davantage. Pour apprĂ©cier le âpouvoir dâachatâ dâun Ă©lu national, il convient Ă©videmment de tenir compte du traitement de base, mais aussi des indemnitĂ©s diverses qui sont assez extravagantes, des frais de reprĂ©sentation et notes de frais diverses qui sont Ă©galement trĂšs larges et extensives, des avantages âen natureâ liĂ©s au mandat qui ne sont pas moins importants, retraites-chapeau miraculeuses, etc. Tout cela sâapplique au mandat de dĂ©putĂ© ou sĂ©nateur, puis Ă nouveau Ă celui de Maire et encore et enfin Ă celui de vice-prĂ©sident (câest automatique) de la CommunautĂ© de communes qui chapeaute sa ville, et enfin aux mandats de Conseiller gĂ©nĂ©ral ou rĂ©gional. Or, tout est cumulable !
On s'indigne souvent des rĂ©munĂ©rations des patrons du CAC 40... Mais celles de simples dĂ©putĂ©s ou sĂ©nateurs de base sont Ă peine Ă©loignĂ©es de certains d'entre eux ! Et la rĂ©munĂ©ration moyenne des Ă©lus nationaux dĂ©passe largement la plupart de celles des autres patrons, par exemple celles des chefs d'entreprises du SBF 120 en France ! Et si l'on se rĂ©fĂšre au SBF 240, lĂ , les politiciens explosent toutes les moyennes ! Mieux vaut donc ĂȘtre un rentier politique qu'un chef d'entreprise actif : c'est infiniment plus rentable...
Les politiciens ne connaissent donc pas la crise ! Dans ces conditions, comment pourraient-ils comprendre la situation de leurs Ă©lecteurs ? Impossible... Comment pourraient-ils trouver par ailleurs les meilleures solutions Ă la crise ? Impossible Ă©galement... Comment pourraient-ils prĂ©senter avec honnĂȘtetĂ© les diffĂ©rentes options Ă©conomiques et sociales pour sâen sortir ? Toujours impossible...
Les politiciens voient cependant la crise et ses ravages. Et ils sont au moins conscients dâen ĂȘtre Ă©pargnĂ©s Ă titre personnel. Cela nourrit ainsi une immense hypocrisie dans les discours et les mesures proposĂ©es ou adoptĂ©es, car le fossĂ© qui sâest crĂ©Ă© entre les peuples et leurs âĂ©lites reprĂ©sentativesâ est dĂ©sormais dâune profondeur insondable. Insoutenable en fait...
Câest cette situation qui fait quâune majoritĂ© de Grecs approuve que lâon moleste physiquement leurs politiciens et quâun quart dâentre eux appelle de ses voeux une dictature. Pour le moment, cela ne concerne que la GrĂšce... Et demain ?
Le 6 juin 2011